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GUILLEMARD Elena

L'adieu aux ordres. Les trajectoires de sécularisation des religieuses au moment de la Réforme (France, Suisse, Angleterre, XVIe siècle).

Publié le 10 juillet 2020 Mis à jour le 11 mars 2021

Thèse en cotutelle en Sciences Sociales, soutenue le 27 mai 2020.

Sur les quelques 200 femmes retrouvées qui quittent les ordres religieux au cours du xvie siècle en France, en Suisse et en Angleterre, certains itinéraires de vie montrent la difficulté d’une adaptation au siècle, qui prend d’abord une forme économique. En effet, ces femmes, souvent privées d’un soutien familial (elles ont pu sortir contre le gré de leurs familles car leur sortie menaçait les héritages familiaux en les réinstaurant potentiellement parmi les héritières potentielles), seules dans le monde pour la première fois de leur vie, doivent trouver les moyens d’une adaptation séculière. Mais la marge de manœuvre n’est pas toujours large : ainsi, d’un côté, des femmes de la grande noblesse, telle Charlotte de Bourbon, future princesse d’Orange, sortent et retrouvent leur position sociale, profitant de réseaux anciens de solidarité nobles, de l’autre, des femmes inconnues, issues de familles aux origines sociales variées, affrontent le retour au siècle sans relais ni soutiens économiques, amicaux ou familiaux. Se posent alors les questions du devenir de ces femmes : quelles formes prend leur sécularisation ? Si les discours protestants et catholiques acclament ou condamnent le mariage, il semblerait que ce choix ne soit pas le premier fait par ces femmes en rupture de cloître. Ainsi, ces parcours présentent des alternatives multiples, entre l’élaboration d’un foyer conjugal, l’obtention de pensions, de rentes, ou un retour familial. Les anciennes religieuses inventent donc leur itinéraire de vie, dans un contexte d’affrontements confessionnels au sein duquel leur statut d’anciennes religieuses influence et conditionne sans cesse les modalités et les conditions de possibilité de leur retour.


Mots-clés : Religieuses, couvents, trajectoires individuelles, Réforme protestante, parcours économiques, conversion, histoire des femmes et du genre, circulation, migration et exil, histoire du mariage et de la sexualité, famille et enfants, France, Suisse, Angleterre, sécularisations.

Out of the 200 or so women that I found who left the religious orders during the 16th century in France, Switzerland and England, certain life paths suggest the difficulty of adapting to the secular life, especially in terms of economy. Indeed, these women, often deprived of family support (they were able to leave against the will of their families because their exit threatened family legacies by reintroducing them as potential heirs), alone in the world for the first time, had to find the means for a secular adaptation. But their capacity for action was often limited: thus, on the one hand, noble women, such as Charlotte de Bourbon, the future Princess of Orange, left and regained their former social position, with the help of various networks of solidarity; on the other hand, less famous women, from families with various social backgrounds, faced the return to the world without any economic, friendly or family support. A question then arises as to the future of these women: what form does their secularization take? If Protestant and Catholic discourses acclaimed or condemned marriage, it would seem that only some of the women who had escaped from the cloister chose that path. Thus, these paths present multiple alternatives, between forming a conjugal home, obtaining pensions, annuities, or returning to their parents’ home. Through these paths, the former nuns invented their life itineraries, in a context of religious confrontations in which their status as former nuns constantly influenced and conditioned the modalities of their return to the world.

Keywords : Nuns, convents, individual trajectories, Protestant reformations, economical adaptation, conversion, women and gender history, circulation, migration and exile, history of marriage and sexuality, family and children, France, Switzerland, England, secularisation.

Directeur(trice) de thèse : Bernard HOURS et Olivier CHRISTIN

Membres du jury :
- M. Bernard HOURS, Directeur de thèse, Professeur des universités, Université jean Moulin Lyon 3,
- M. Olivier CHRISTIN, Co-Directeur de thèse, Professeur ordinaire (PU), Université de Neuchâtel, Suisse,
- M. Denis CROUZET, Professeur des universités, Université de Paris-Sorbonne,
- Mme Isabelle POUTRIN, Professeure des Universités, Université Reims Champagne Ardennes, Reims,
- Mme Michèle CLEMENT, Professeure des universités, Université Lumière Lyon 2
- M. Pierre Alain MARIAUX, Professeur Ordinaire (PU), Doyen de la faculté des Lettres et Sciences Humaines.

Président(e) du jury : Pierre Alain MARIAUX