BOUTINET Fanny

Cette thèse étudie le corpus des « Mémoires féminins » du dix-septième siècle, considérés comme une catégorie historiographique et critique construite par l’histoire littéraire et éditoriale. Il s’agit d’identifier les processus de qualification et de distinction de ces écrits, pour ressaisir les actions que les autrices de la première modernité mènent par le biais de l’écriture et de la publication. Un premier temps de l’étude retrace l’histoire de la publication de ces ouvrages, du dix-septième au dix-neuvième siècles, et le rôle de l’imprimé dans la construction de ce corpus critique. À partir de ces premières analyses, la thèse développe une lecture spécifique de chacun des écrits, en reconsidérant les usages de l’écriture et les motifs de la publication, et en mettant à distance la grille de lecture traditionnellement appliquée aux « Mémoires » et « Mémoires féminins ». Il s’agit en particulier de penser ces écrits comme instruments de l’agentivité féminine, comme outils de promotion et de négociation sociales. Un dernier temps de la thèse étudie les groupes d’auteurs et de producteurs littéraires auxquels les femmes mémorialistes sont associées. L’imprimé institue un « nom d’autrice » individuel, qui permet de classer les textes, et qui occulte des pratiques d’écriture collectives courantes au dix-septième siècle. Le passage à l’écriture, l’affirmation d’une auctorialité, sont intrinsèquement liés à la fréquentation de cercles de sociabilité lettrés, à l’appartenance à une famille de gens de lettres. Nous étudions donc, pour finir, les lignages et les réseaux dans lesquels s’inscrivent les pratiques scripturaires des autrices de notre corpus.

Mots-clés : Mémoires ; Autrices ; Genre ; Imprimé ; Librairie ; Littérature du dix-septième siècle

This thesis examines the corpus of seventeenth-century ‘women’s memoirs’, considered as a historiographical and critical category constructed by literary and publishing history. The aim is to identify the processes by which these writings have been categorised and set apart, in order to better understand the acts performed by early-modern women writers when writing and publishing. The study’s first part explores the publication history of their works, from the seventeenth to the nineteenth centuries, and the role of print in the construction of this critical corpus. On the basis of these initial analyses, the thesis develops a specific reading of each of the texts, reconsidering their authors’ uses for writing and motives for publication. It critically surveys and moves away from the reading grid traditionally applied to ‘memoirs’ and ‘women’s memoirs’. The aim is more specifically to consider these writings as instruments of female agency, as tools for social promotion and negotiation. The thesis’ final part studies the groups of authors and literary producers with whom women memoirists are associated. The printed text establishes an individual ‘author’s name’, which makes it possible to classify works, and which obscures the collective writing practices common in the seventeenth century. Setting to write and assuming a form of authorship are intrinsically linked to frequenting literate social circles, to belonging to a family of literary people. The study then concludes by looking at the lineages and networks in which the writing practices of the corpus’s women authors are embedded.

Keywords : Memoirs ; Women writers ; Gender ; Print ; Bookshop ; Seventeenth-century literature


Directeur de thèse : Mathilde BOMBART

Membres du jury : 
- Mme BOMBART Mathilde , Professeure des universités, Université Lumière Lyon 2, France, Directrice de thèse
- Mme GIAVARINI Laurence, Professeure des universités, Université de Bourgogne, Dijon, France, Rapporteure
- Mme TSIMBIDY Myriam, Professeure des universités, Université Bordeaux-Montaigne, Pessac, France, Rapporteure
- M. CHARBONNEAU Frédéric, Professeur titulaire, Université McGill, Montréal, Québec, Canada, 
- M. SCHAPIRA Nicolas, Professeur des universités, Université Paris-Nanterre, France, 
- M. ZANONE Damien, Professeur des universités, Paris Est-Créteil, France.


Présidence du jury : Damien ZANONE