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VAUTHIER Joséphine née GROGNIER-DANNIEL

La substantivation des adjectifs en latin et en grec ancien : approches théoriques et études de cas en poésie

Publié le 11 mars 2024 Mis à jour le 2 juin 2024

Thèse en Lettres, soutenue le 8 décembre 2023.

La substantivation des adjectifs est un processus linguistique commun et relativement fréquent dont nous proposons d’étudier les implications dans le cadre des langues anciennes. Bien identifié en grec ancien grâce à l’article, il existe aussi en latin, une langue qui ne fait pas le même usage des articles. Notre travail se propose de déterminer dans quelle mesure ce phénomène, commun mais en réalité extrêmement complexe, répond à la nécessité linguistique de combler des vides dans le système nominal, ou si l’emploi substantivé se laisse tout simplement analyser comme une fonctionnalité prévue de l’adjectif. Cette thèse se présente donc comme une double contribution : à la description des parties du discours de l’adjectif et du substantif en latin et en grec d’une part ; aux conditions du passage de l’adjectif dans la catégorie du substantif, et à la possibilité d’un changement catégoriel en langues anciennes, d’autre part. En ce sens, cette étude vise tout d’abord à définir et inscrire le processus en linguistique pour déterminer les façons dont le phénomène est traditionnellement appréhendé, ce qui apparaît difficile au vu d’un éclatement prévisible des descriptions et terminologies existantes pour le nommer. À l’issue de cette partie du travail principalement théorique, nous envisageons la substantivation comme un processus scalaire et, en cela, nous proposons un axe de la substantivation qui échelonne différents degrés et profils d’adjectifs substantivés : des plus au moins dépendants d’un support substantif (ou du contexte), ou des moins au plus substantivés (ou substantifs) en somme. L’analyse de ces différents degrés et les conditions du passage ont de ce fait nécessité que nous travaillions sur la typologie des adjectifs et des substantifs pour définir ce qui constitue fondamentalement l’adjectivité et la substantivité, et leur engagement dans ce que l’on appelle communément les « emplois » substantifs. Un égard particulier est donc accordé aux fonctions typiques des deux catégories (l’épithète, l’attribut, le noyau de syntagme nominal) autant qu’aux fonctions plus atypiques telles que l’apostrophe ou l’apposition.

Mots clés : Substantivation ; Adjectif substantivé ; Adjectif ; Substantif ; Nom ; Nom propre ; Adjectivité ; Substantivité ; Catégorisation ; Parties du discours ; Classes de mots ; Archi-catégorie ; Sous-catégorisation ; Typologie ; Prototypie ; Linguistique de corpus ; Sémantique ; Syntaxe ; Morphosyntaxe ; Lexique ; Lexicalisation ; Sentiment linguistique ; Micro-systèmes lexicaux ; Référence ; Dénomination ; Création lexicale ; Ellipse ; Conversion ; Proprialisation ; Nominalisation ; Épithète ; Apposition ; Apostrophe ; Détachement ; Prédicativité ; Relationèmes ; Noms d’agents ; Patronymes ; Ethnonymes ; Grammaticalisation.


The substantivation of adjectives is a common, relatively frequent linguistic process, the implications of which I offer to study within the framework of classical languages. While it is well identified in Ancient Greek thanks to the presence of articles, it also exists in Latin, a language which uses articles differently. My work proposes to determine to what extent this phenomenon – common, yet actually quite complex – answers linguistic needs to fill a void within the nominal system, or whether their substantivised use is simply to be analysed as a planned function of adjectives. This thesis thus presents a two-fold contribution: to the description of the adjective and the substantive as parts of speech in Latin and in Greek on the one hand; to the conditions of the adjective’s shift to the category of substantives, and to the possibility of a categorial shift in classical languages, on the other hand. Hence, this study first aims to define and inscribe the process within a linguistic framework to determine how the phenomenon is traditionally apprehended – which is made difficult by the unavoidable fragmentation of existing descriptions and terminologies used to name it. After this mainly theoretical part of the work, substantivation is envisioned as a scalar process and, to this end, I put forward a spectrum of substantivation graduated with various degrees and profiles of substantivised adjectives: from the least dependent on a substantive (or on context) to the most so – or, to put it plainly, from the least to the most substantivised. The analysis of these various degrees and the conditions of the shift have thus made it necessary to work on the typology of adjectives and substantives so as to define what is at the core of adjectivity and substantivity, and the role they play in what is commonly called substantive ‘uses’. Specific attention is thus given to the typical functions of both categories (attributive adjective, predicative adjective, head of the noun phrase) as well as to more atypical functions such as apposition and apostrophe.

Keywords: Substantivation, Substantivised adjective ; Adjective ; Substantive ; Noun ; Proper noun ; Adjectivity ; Substantivity ; Categorisation ; Parts of speech ; Word classes ; Archicategory ; Subcategorisation ; Typology ; Prototypicality ; Corpus linguistics ; Semantics ; Syntax ; Morphosyntax ; Lexicon ; Lexicalisation ; Linguistic feeling ; Lexical microsystems ; Reference ; Denomination ; Lexical creation ; Ellipsis ; Conversion ; Proprialisation ; Nominalization ; Attributive adjective ; Apposition ; Apostrophe ; Detached adjective ; Predicativity ; Social relation nouns ; Agent nouns ; Patronyms ; Ethnonyms ; Grammaticalisation.

Directeurs de thèse : Christian NICOLAS et Isabelle BOEHM

Membres du jury :
  • M. NICOLAS Christian, Directeur de thèse, Professeur des universités, Université Jean Moulin Lyon 3,
  • Mme BOEHM Isabelle, Co-directeur de thèse, Professeure des universités, Université Lumière Lyon 2,
  • M. FAURE Richard, Rapporteur, Professeur des universités, Université de Tours, 
  • M. THOMAS Jean-François, Rapporteur, Professeur des universités, Université de Montpellier 3,
  • M. PETIT Daniel, Professeur des universités, Ecole Normale Supérieure, Paris,
  • Mme SORBA Julie, Maître de conférence habilitée à diriger des recherches, Université Grenoble Alpes.

Présidente du jury : Daniel PETIT