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TRON-YMONET Laure Helene

Percer le corps à jour. Images et spectacle du corps ouvert dans les récits naturalistes et les textes médicaux du second XIXe siècle (1857-1914)

Publié le 6 février 2023 Mis à jour le 20 février 2023

Thèse en Lettres, soutenue le 29 novembre 2022.

La naissance de la clinique à la fin du xviiie siècle et l’apparition du naturalisme au second xixe siècle permettent de réinterpréter les liens qu’entretiennent médecine et littérature. Alors qu’un partage entre les disciplines a été établi, toutes deux demeurent en réalité liées par leur volonté d’observer et d’écrire le corps. Plus encore, les médecins comme les écrivains sont poussés par une pulsion scopique qui les amène à examiner les différentes ouvertures corporelles, voire à les provoque. Une fois ouvert, le corps révélerait un certain nombre de connaissances et de vérités. Le corps ouvert est sémantiquement surinvesti et son expression ne peut que cesser de miner l’objectivité réclamée par le positivisme. Incapables de rester neutres devant un tel objet, les médecins investissent des images et des effets rhétoriques au sein de leurs textes. Ces derniers nourrissent ainsi une littérature spécialisée en même temps qu’ils croisent la littérature, c’est pourquoi ils peuvent se soumettre aux méthodes de l’exégèse littéraire. Si les écrivains naturalistes tentent, de leur côté, d’adopter les principes de la nouvelle médecine, leurs écrits sont tributaires des résistances que la discipline rencontre. Ils achoppent donc à leur tour contre le corps ouvert, objet fascinant et terrifiant. En somme, orifices, plaies et opérations chirurgicales reflètent les ambitions et les peurs partagées par le médecin et le romancier, tous deux renouvelant, via leurs textes, les représentations et les spectacles des chairs, de la société et des êtres qui entendent les maîtriser.

Mots-clés : médecine ; naturalisme ; xixe siècle ; corps ; ouvertures ; pulsion scopique.
 
The birth of the clinic at the end of the 18th century and the appearance of naturalism in the second 19th century allow us to reinterpret the links between medicine and literature. While a division between the disciplines has been established, both remain in reality linked by their will to observe and write the body. More than that, both doctors and writers are driven by a scopic impulse that leads them to examine the various bodily openings, even to provoke them. Once opened, the body would reveal a certain amount of knowledge and truths. The open body is semantically over-invested and its expression cannot but undermine the objectivity claimed by positivism. Unable to remain neutral in front of such an object, doctors invest images and rhetorical effects within their texts. The latter thus nourish a specialized literature at the same time as they intersect with literature, which is why they can submit to the methods of literary exegesis. If the naturalist writers try, on their side, to adopt the principles of the new medicine, their writings are dependent on the resistances that the discipline meets. They stumble thus in their turn against the open body, fascinating and terrifying object. In sum, orifices, wounds and surgical operations reflect the ambitions and fears shared by the doctor and the novelist, both renewing, through their texts, the representations and the spectacles of the flesh, of society and of the beings who intend to master them.

Keywords : medicine ; naturalism ; 19th century ; body, open ; scopic impulse.

Directeur de thèse : Gilles BONNET

Membres du jury :
- Mr BONNET Gilles, Directeur de thèse, Professeur des universités, Université Jean Moulin Lyon 3, 
- Mr WANLIN Nicolas, Rapporteur, Maître de conférence habilité à diriger des recherches, Institut polytechnique de Paris, Palaiseau, France,
- Mr WENGER Alexandre, Rapporteur, Professeur ordinaire, Université de Genève, Suisse,
- Mme BAREL-MOISAN Claire, Chargée de recherche, ENS Lyon, France,
- Mme GRENAUD-TOSTAIN Céline, Maîtresse de conférence, Université d'Evry Val d'Essonne, Paris, France,
- Mr MARQUER Bertrand, Professeur des universités, Université de Strasbourg, France.

Président du jury : Bertrand MARQUER