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THOMAS Solène

Travailler à l’indécis. Étude littéraire et stylistique de Verlaine

Publié le 6 juin 2018 Mis à jour le 13 décembre 2018

Thèse en Langue et littérature françaises, soutenue le 25 mai 2018.

À partir de ses recueils les plus emblématiques (Poëmes saturniens, Fêtes galantes, Romances sans paroles), la critique a souvent fait de l’art poétique de Verlaine un art de la fadeur, du brouillage et de l’imprécision. Ce trait caractéristique est alors imputé à un système de perception défaillant, comme si le poète, en retrait du monde, ne percevait le réel qu’à travers le voile de la rêverie ou du souvenir. Cette thèse prend le parti opposé et propose de voir en Verlaine un être doté d’une acuité sensorielle remarquable, apte à saisir les moindres nuances du réel. L’imprécision qui émane des textes poétiques doit alors être mise au compte d’un minutieux travail de la langue. En effet les mots, suspects d’inadéquation, enclosent la singularité d’un réel infiniment riche et toujours mouvant. À charge dès lors pour le poète d’en atténuer les contours, d’en brouiller les frontières catégorielles ; l’entreprise poétique de Verlaine résulte ainsi d’un véritable travail de sape du langage commun. Du reste, cette entreprise d’atténuation se poursuit dans le corpus en prose (fictions, autobiographies, textes critiques) : Verlaine, ayant à cœur de torpiller tout ce qui pourrait ressembler à une assertion trop catégorique, multiplie les concessions, les dénégations, les hésitations. Faisant retour sur son propre dit, il donne à lire les tâtonnements d’un discours s’élaborant en suspicion du langage.


Beginning from his most emblematic collections (Poëmes saturniens, Fêtes galantes, Romances sans paroles), critics have often seen Verlaine’s poetry as a drab art, scrambled and imprecise. This characteristic is then attributed to a defective sense of perception, as if the poet, disconnected from the world, could only perceive reality through a veil of dreams or of memories. This study takes the opposite view, proposing that we see in Verlaine one who is gifted with a remarkable ability to feel and perceive, seizing upon the slightest nuances present in reality. The supposed imprecision that emanates from his poetic texts must therefore be considered through a painstaking study of language. In essence, the words, long suspected of being mismatched, hold within them the singularity of a rich and supremely moving reality. The poet’s mission is then to weaken the contours, to blur categorical boundaries, and Verlaine’s poetic enterprise thus results in a veritable undermining of everyday language. What’s more, this attempted undermining continues in his prose works (fiction, autobiographies, critical texts): invested in wrecking anything that could seem to be an overly categorical assertion, Verlaine increases the concessions, the denials, the hesitations. Returning over his own words, he demonstrates the trial-and-error of a discourse developed through a suspicion of language itself.

Mots-clés :
Verlaine, poésie, stylistique

Keywords :
Verlaine, poetry, stylistics

Directeur(s).trice(s) de thèse : M. Jérôme THÉLOT

Membres du jury :
M. Olivier BIVORT, Professore ordinario, Università Ca' Foscari, Venise (Italie),
Mme Solenn DUPAS, Maitre de conférences, Université Rennes 2,
Mme Agnès FONTVIEILLE-CORDANI, Maitre de conférences, Université Lumière Lyon 2,
Mme Michèle MONTE, Professeur des universités, Université de Toulon,
M. Jérôme THÉLOT, Directeur de thèse, Professeur des universités, Université Jean Moulin Lyon 3

Président.e du jury : M. Olivier BIVORT

Equipe d'accueil : Marge

Décision : Admise