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SOLTMANN Wladimir

Association de la norme technique à l'innovation. Étude de droit de la propriété intellectuelle et de droit de la concurrence

Publié le 16 décembre 2015 Mis à jour le 21 décembre 2018

Thèse en Droit mention Droit des affaires soutenue le 2 décembre 2015.

La norme technique exige parfois de lui associer des innovations faisant l’objet de droits privatifs, au bénéfice de la réalisation de sa mission. De prime abord, la propriété intellectuelle apparaît comme étant un élément perturbateur, impliquant désormais d’examiner l’ « économie » de la norme au moment de son élaboration et de son utilisation et non plus uniquement la technique. Pour éviter la corruption de la norme par des droits privatifs trop contraignants, les organismes de normalisation exigent que seuls les droits privatifs « essentiels » soient associés à la norme. Les critères de l’adhérence réciproque de la norme et de l’innovation structurant leur association, justifient au nom de son « utilité sociale », une adaptation réciproque des régimes juridiques attachés à ses deux composantes. Ainsi l’ « utilité sociale » incarnée par la norme technique impose une adaptation du régime des droits de propriété intellectuelle. Symétriquement, l’innovation « essentielle » à la norme suppose une adaptation du régime de la norme technique à la propriété intellectuelle. Cela donne naissance à deux régimes juridiques substantiellement interpénétrés et structurellement interdépendants. D’une part, les droits privatifs étant « essentiels » à la norme, peuvent être considérés comme des « infrastructures essentielles », justifiant une érosion systémique de leur portée dans le cadre de leur association à la norme. Dans le cadre de l’application de règles de concurrence, cette érosion résulte d’une approche ex post à laquelle se conjugue une approche ex ante, conceptualisée par les conditions FRAND. D’autre part, l’association s’évalue également à l’aune de la propriété privée. Il apparaît que la norme technique devrait être considérée comme étant une chose commune imposant d’aménager, au bénéfice de ses utilisateurs, un accès et une utilisation libre. Cela suppose d’envisager alors l’émergence d’un droit d’utilisation de l’innovation associée à la norme technique.

Technical standards may sometimes be associated to innovations covered by proprietary rights. In this case, intellectual property appears to embody a quite disturbing component within the partnership between standardization and innovation. We are thus led to analyse the association economy ; it must be construed as of the creation and the use of the standard rather than to insist on its sole technical aspects. In order to avoid the corruption of the standard by over-restrictive IP rights, standard-setting-organizations require that only "essential" proprietary rights can be associated to a technical standard. Economical and technical criterias of the mutual adherence of the technical standard and the owned innovation – structuring their association – justify in the name of its "social utility", a mutual adaptation of their legal regimes. Therefore, the technical standard’s "social utility" requires an adaptation of the IP rights legal regime. Symmetrically, the essential innovation, included in the standard, requires its fitting to the technical standards legal regime. This results in the rise of two regimes naturally interpenetrated, and structurally interdependent. On the one hand, IP rights "essential" to the standard, can be considered as "essential facilities", justifying a systematic erosion of their spectrum. As part of competition rules implementation, this erosion results from an ex post approach as well as an ex ante approach conceptualized by FRAND terms. On the other hand, the association is also evaluated through the private property perspective. It appears that the technical standard should be considered as a "common", assuming a free access and a free use. It contributes to create a right of use of the owned innovations integrated in technical standard.
 

Mots-clés : Mots clés : propriété intellectuelle, normes techniques, standards de fait, organismes de normalisation, interopérabilité, facilités essentielles, conditions FRAND, « utilité sociale », patent pool, abus de position dominante, ententes, exceptio standardis

Keywords : intellectual property, standards, standard-setting-organization, interoperability, essential facilities, FRAND terms, "social utility", patent pool, antitrust, exceptio standardis.

Directeur de thèse : Edouard TREPPOZ

Membres du jury :
- Anne PENNEAU, Professeur des universités, Université de Paris XIII
- Fabrice SIIRIAINEN, Professeur des universités, Université de Nice
- Jean-Michel BRUGUIERE, Professeur des universités, Université de Grenoble
- Cyril NOURISSAT, Professeur des universités, Université Jean Moulin Lyon 3
- Edouard TREPPOZ, Professeur des universités, Université Jean Moulin Lyon 3

Président du jury
: Cyril NOURISSAT

Mention
: Très honorable avec les félicitations

Equipe d'accueil : EDIEC