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RANDRETSA Thierry

Bombardement aérien et norme d'immunité des non-combattants.

Publié le 13 janvier 2014 Mis à jour le 13 janvier 2014

Thèse en Droit mention Sécurité internationale et défense soutenue le 19 décembre 2013.

Norme séculaire et universelle, l’immunité des non-combattants a été gravement affectée par l’avènement de l’arme aérienne. L’introduction de la troisième dimension dans la guerre a permis d’attaquer des objectifs à l’arrière des lignes de front. Dans le contexte de la guerre totale, le bombardement stratégique a érigé la population et les biens civils en objectifs militaires afin de porter atteinte au moral de la première et de hâter la fin du conflit. Le résultat a été le massacre de millions de civils pour un bilan militaire plutôt mitigé.
Ces bombardements tranchent avec la pratique actuelle par laquelle les États-majors s’efforcent de prévenir au maximum les dommages collatéraux. Comment expliquer un tel gouffre dans la manière d’envisager le bombardement aérien ?
La population est devenue le centre de gravité des conflits contemporains. Que ce soit dans les interventions humanitaires ou dans la stratégie de la contre-insurrection, il convient de la préserver et de la conquérir sous peine de voir la mission échouer. Cette approche est exacerbée par la géographie moderne de la guerre se déroulant au sein de la population. Elle est compliquée par l’asymétrie morale opposée par les belligérants non-étatiques, se distinguant peu des civils et opérant à proximité ou à l’intérieur de zones peuplées. Dès lors, un paradigme de la modération s’applique aux bombardements aériens poussant parfois le commandement à aller au-delà du droit international humanitaire, là où, pendant une bonne partie du XXème siècle, ils étaient encore soumis au paradigme de la force de la guerre traditionnelle.

Immunity of non-combatants is a secular and universal norm which has been severely affected by the advent of air power. The introduction of the third dimension in the war led to attack targets behind the front lines. In the context of total war, strategic bombing has elevated population and civilian objects as military targets in order to undermine the morale of the first and hasten the end of the conflict. The result was the massacre of millions of civilians for a military rather mixed record.
These bombings contrast with the current practice whereby staffs strive to maximize the prevention of collateral damage. How to explain such a gap in the approach of aerial bombardment?
The population has become the center of gravity of contemporary conflicts. Whether in humanitarian interventions or in counter-insurgency, it should be preserved and conquered in order to avoid mission failure. This approach is exacerbated by modern geography of the war taking place within the population. It is complicated by the moral asymetry of the non-state belligerents, who are not very distinguished from civilians. Furthermore, they operates near or within populated areas. Therefore, a paradigm of moderation applies to aerial bombing, sometimes pushing the command to go beyond the international humanitarian law. For much of the twentieth century, they were still subject to the paradigm of the strength of the traditional war.

Mots-Clés :
Mots clés : relations internationales, droit international humanitaire, sécurité internationale, défense.

Key words : international relations, international humanitarian law, international security, defence.

Directeur de thèse : Olivier ECHAPPE

Membres du jury :
Fouad NORAH, Maître de conférences HDR, Université René Descartes Paris V
Michel BERGES, Professeur, Université Bordeaux IV
Jean-Paul JOUBERT, Professeur, Université Jean Moulin Lyon 3
Olivier ECHAPPE, Professeur associé HDR, Université Jean Moulin Lyon 3

Président du jury :  Jean-Paul JOUBERT

Mention : Très honorable avec les félicitations du jury

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