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Portrait d'entrepreneure : Solenne Bécart, Goodloop

Publié le 7 avril 2022 Mis à jour le 8 avril 2022
Goodloop

Solenne Bécart a lancé Goodloop, un service digitalisé de réparation de vêtements de sport outdoor. Accompagnée en 2021 dans le programme #Start de l’incubateur Manufactory, elle a intégré cette année le programme #Up. Après une dizaine d’années dans le marketing au sein de grandes entreprises, elle a décidé de monter son projet afin d’être plus en adéquation avec ses valeurs. Rencontre.
 

Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?

Après avoir été diplômée de l’IESEG, une école de commerce à Lille, j’ai travaillé pendant 9 ans en marketing. J’évoluais dans des multinationales à Paris avec des déplacements fréquents à l’étranger. J’ai quitté la capitale pour Lyon afin de trouver un meilleur cadre de vie.  J’ai profité de mon deuxième congé maternité pour quitter mon job. Je me suis dit que c’était l’occasion d’arrêter, et à ce moment-là, le confinement est arrivé. Je crois beaucoup au karma, les choses arrivent toujours pour une raison !  J’en ai profité pour faire un programme de réalignement professionnel dans lequel il fallait travailler sur une thématique d’intérêt général. J’ai choisi de travailler sur l’économie circulaire et c’est là qu’est venue l’idée de Goodloop ! 


Goodloop en quelques mots ?

Goodloop est un service digitalisé de réparation de vêtements de sport outdoor (doudounes, vestes de ski et pantalons, sacs de couchage, sacs à dos, polaires, sweats…) qui s’appuie sur des artisans locaux. L’objectif est de rendre la réparation des vêtements techniques plus accessible et de contribuer au développement de l’artisanat en France. En effet, pour faire ce type de réparation, il faut que les couturières montent en compétences sur des nouvelles matières et techniques. Pour le moment, mon réseau est assez localisé en Auvergne Rhône-Alpes, mais à terme l’idée serait de le développer sur tout le territoire. Le réflexe de faire réparer ses vêtements revient petit à petit et pour que les gens sautent le pas il faut que ça soit facile ! 

Goodloop

C'est plutôt l'entrepreneuriat ou la cause qui vous mobilise ? 

C’est quand même beaucoup la cause. J’ai adoré mes années dans le marketing, écouter le client, trouver des manières innovantes de communiquer, mais j’étais arrivée à un paradoxe trop fort.  Faire produire à l’autre bout du monde est trop en décalage avec mes valeurs personnelles et le monde que je veux laisser à mes enfants. L’outdoor ça me parlait, je pratique le sport depuis toute petite. De manière générale, il y a un changement sociétal dans le milieu du sport outdoor, c’est un momentum, un alignement avec mes valeurs, il faut en profiter !
 

Comment se sent-on en tant qu’entrepreneure ?

Un peu chahutée, il faut apprendre, encore plus que dans le salariat, à vivre dans une inconstance. Il faut savoir s’adapter au changement et en tirer parti sans se laisser abattre. Il ne tient qu’à nous de changer, ou de s’adapter, si ça ne va pas. « Si la vie t’envoie des citrons fais de la limonade* », est un des 5 piliers de l’effectuation ! J’étais quelqu’un qui restait beaucoup dans le cadre, j’apprends à en sortir grâce à l’entrepreneuriat. C’est très stimulant, il faut apprendre à gérer les hauts et les bas du quotidien. Il y a des périodes où c’est plus difficile de surmonter le doute.
 

Que vous apporte l’incubation à Manufactory ?

J’ai fait le parcours Shake You qui m’a donné une bonne vue d’ensemble des éléments importants pour créer un projet, puis j’ai gagné une finale de Lyon start up en 2020. Mais je ne me sentais pas de me lancer toute seule, je cherchais la force du collectif, du mentorat et un lieu de travail. C’est important d’avoir un lieu physique, ça concrétise le projet, ça donne une routine. L’Incubateur m’a apporté tout ça. En termes d’ouverture de réseau aussi. J’ai eu besoin d’un avocat il y a un an et grâce à l’incubateur j’ai été mise en relation avec un très bon cabinet. À 33 ans je fais partie des seniors de l’incubateur !
 

Comment conciliez-vous vie professionnelle et vie personnelle en tant qu’entrepreneure ?

Ce n’est pas simple, c’est un peu le jeu de l’équilibriste pour faire tout rentrer dans la semaine !  Par expérience, je sais qu’on peut être mal dans un boulot, je connais la limite à ne pas franchir. Il va falloir mettre des coups d’accélérateur mais sans renier mes valeurs. Je veux être là pour mes enfants, je refuse de mettre de côté ma famille. Certaines journées sont très denses et d’autres moins, certaines fois je dois rouvrir l’ordinateur le week-end. J’ai la chance d’être soutenue, mon mari m’encourage. C’est primordial car cela met en jeu un certain nombre de choses dans la vie personnelle : l’organisation, la stabilité financière… Mais au final, je me sens beaucoup moins emprisonnée dans un projet que je monte moi-même, que dans un job où je n’étais plus à ma place.

Un conseil pour quelqu’un qui hésite à se lancer ?

Ne pas se lancer seul. C’est important d’être soutenu par une communauté car il y a beaucoup de remises en question. Il faut faire attention aussi à ne pas trop s’identifier à sa cible, il faut rester ouvert.
 

Vos inspirations du moment ?

Un livre fondateur :

  • « Homme d’affaires malgré moi. Confessions d’un alter-entrepreneur », de Yvon Chouinard, le fondateur de Patagonia. C’est un des précurseurs de la responsabilité sociale des entreprises qui a pris en compte les enjeux sociaux et écologiques dans les années 60. Sa marque est toujours en croissance aujourd’hui sans renier ses engagements.

Podcasts favoris :

  • Génération do it yourself, qui met en avant des histoires d’entrepreneurs. C’est très « start-up nation » mais ça permet aussi d’entendre des parcours inspirants ! Comme celui du fondateur d’Asphalte, les précurseurs de la précommande.
  • Le Sport Autrement, c’est proposé par un copain de Lyon qui interviewe des personnalités du sport qui en ont une approche différente.



*En anglais : « When life gives you lemons, make lemonade »



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Propos recueillis en juillet 2021 par Anne Clausse, Service de la communication.