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Portrait d'entrepreneur : Vincent Asquin, Guardia
Vincent Asquin a 25 ans. Pendant ses études en Droit et en entrepreneuriat, il a développé avec son frère, une alarme de sécurité intelligente pour éviter la noyade des jeunes enfants dans les piscines privées. Il a été incubé en 2022 dans le programme UP de l’incubateur Manufactory Sans souci. Rencontre.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
J’ai commencé par un Master en droit orienté droit privé des affaires. Comme beaucoup d’étudiants dans cette filière, je me projetais a priori dans une carrière d’avocat en droit des affaires ! À la fin de mes études, j’ai pris le temps de réfléchir à ce qui m’animait et j’ai réalisé que l’entrepreneuriat était une voie qui me correspondait mieux. J’avais envie de monter un projet qui me tenait à cœur, de travailler sur des aspects variés et ne pas être cantonné à une seule discipline. J’ai eu envie d’entreprendre avant d’avoir l’idée !
Eté 2020 avant le début du Master 2, on a eu l’idée avec mon frère, de développer notre projet : un système de sécurité pour les piscines afin de compléter les dispositifs existants, souvent contournés. Avec mes connaissances juridiques et celles de mon frère, ingénieur en intelligence artificielle, on avait un bon mix de compétences. En janvier 2021, j’ai intégré l’incubateur Manufactory Sans souci et à la fin de mon Master en droit, j’ai rejoint le Master Entrepreneuriat et Développement des Entreprises Nouvelles - EDEN et j’ai eu le statut d’étudiant entrepreneur avec le Pépite de Lyon Saint Etienne.
Guardia en quelques mots ?
Guardia est une alarme de sécurité intelligente qui détecte les jeunes enfants qui s’approchent seuls des abords d’une piscine alors qu’une barrière est restée ouverte ou que l’alarme immergée a été déconnectée à force de fausses alertes. Les drames se jouent en quelques secondes et notre système intervient à ce moment crucial. Nous avons suscité l’intérêt d’équipementiers et nous avons commencé les discussions.
Financièrement comment faites-vous ?
Pendant mes études, j’ai travaillé l’été et j’ai eu la chance d’avoir le soutien de mes parents. Ensuite quand on monte un projet, il y a beaucoup d’aides qui peuvent être mobilisées, avec la région, la BPI pour l’innovation. Au démarrage, il faut un minimum d’investissement et pour nous c’est notamment du matériel et du temps. Avec mon frère nous avons obtenu la bourse French Tech de la BPI. Par ailleurs nous travaillons, comme de nombreux entrepreneurs qui, avant de vivre de leur projet, font un travail en parallèle. On a la chance que notre travail ne soit pas qu’alimentaire et qu’il contribue à enrichir nos compétences entrepreneuriales.
Comment se sent-on en tant qu’entrepreneur ?
On est toujours en mouvement. Au début, il y a beaucoup d’inconnu. On a l’impression qu’on ne maîtrise pas les rouages de l’entrepreneuriat. Même si je connaissais le droit des affaires, il y a beaucoup d’autres sujets à appréhender : stratégie, négociation, comptabilité, finances, marketing, communication… sur lesquels on n’est pas formés.
Mais dans les faits, on se forme en faisant, on n’a pas le choix !
Certaines étapes sont plus difficiles à franchir, en fonction des compétences ou des enjeux mais rien n’est fondamentalement insurmontable quand on est accompagné. Il y a de nombreuses personnes qui montent des entreprises en étant autodidactes, sans formation en entrepreneuriat. S’il y a beaucoup de bon sens dans l’entrepreneuriat, il faut quand même être accompagné pour rester lucide. Avec un incubateur, on multiplie ses chances de réussite.
Qu'est-ce qui vous anime, l’entrepreneuriat ou la cause ?
Au début on a imaginé ce projet pour entreprendre, pour répondre à un besoin non couvert à partir de nos compétences. Mais rapidement la découverte des enjeux liés à notre projet est devenue un facteur de motivation majeur. Dans les moments difficiles, cela nous motive de savoir qu’on peut faire une différence et sauver des vies.
Comment conciliez-vous vie professionnelle et vie personnelle en tant qu’entrepreneur ?
C’est un projet avec mon frère donc la coupure pro/perso n’est pas franche ! On y travaille un peu tout le temps. Les idées vous viennent quand elles veulent, y compris le week-end alors on sort l’ordinateur ou le téléphone et c’est reparti !
Que vous a apporté l’incubation à Manufactory ?
Tout d’abord, l’apport des compétences des intervenants qui animent des ateliers sur différents sujets. Même si on vient d’un cursus entrepreneurial, on n’est jamais expert dans tous les domaines. C’est une chose de connaitre des méthodes, une autre de les appliquer pour soi ! Ensuite, le fait d’être entouré d’autres entrepreneurs est essentiel. On fait partie d’un écosystème, on bénéficie de l’expérience des autres. Dès qu’on a un souci, on peut s’entraider. Enfin, avoir un lieu pour travailler, cela crée des synergies, des amitiés.
L’entrepreneuriat c’est un beau milieu, très relationnel et solidaire.
La relation amène beaucoup de choses, parfois on aide un ami et 6 mois après il nous le rend. C’est la force du réseau.
Un conseil pour quelqu’un qui hésite à se lancer ?
L’entrepreneuriat c’est une aventure. On vit chaque jour des choses nouvelles, c’est pour cela que c’est si intense. Alors forcément on ne fait pas tout bien du premier coup. Il ne faut pas trop s’inquiéter pour cela. Si on n’échoue jamais, c’est que l’on n’a pas vraiment essayé de choses nouvelles.
En début de projet, il y a peu d’erreurs déterminantes. Ensuite, il faut penser en « perte acceptable » quand on prend une décision. Suis-je prêt à consacrer ce temps ou cet argent pour vérifier cette hypothèse ? C’est le moyen de ne pas tout jouer sur un coup de dés.L’échec fait partie intégrante de l’expérience et du processus de l’entrepreneuriat
Vos inspirations du moment ?
Lorsque l’on vit dans l’incubateur et que l’on côtoie d’autres entrepreneurs on se rend compte que l’on est tous des gens ordinaires. On passe tous par les mêmes doutes, les mêmes craintes. Ça évite de se mettre la pression. Par contre ces gens ordinaires ont choisi de vivre des choses extraordinaires, et les vivre ensemble est juste incroyable.
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Propos recueillis par Anne Clausse, Service de la communication.