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Portrait d'entrepreneur : Quentin Paulik, Marti

Publié le 18 septembre 2023 Mis à jour le 18 septembre 2023
Quentin Paulik

Quentin Paulik finit son internat en médecine. Fin 2018, en parallèle de ses études, il a créé Marti, un logiciel destiné à faciliter la prise en charge des patients allophones aux urgences. Il a été accompagné en 2022 dans le programme Start de l'incubateur Manufactory Sans souci. Rencontre.
 

Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?

J’ai 27 ans et je suis lyonnais d’origine. Je finis mon internat de médecine générale en octobre 2023.  Fin 2018, on a commencé à développer notre projet en parallèle des études. Ensuite, au sein du cursus de médecine, j’ai pu faire une année recherche afin de me consacrer à mon projet tout en étant rémunéré comme un interne classique. En 2022, j’ai intégré l’incubateur. Je baignais déjà un peu dans l’entrepreneuriat mais pour accélérer le projet j’avais besoin de me faire accompagner, car je n’avais aucune compétence dans ce domaine !

Marti en quelques mots ?

On développe la solution Marti. L’objectif est de faciliter la prise en charge des patients, et notamment ceux qui sont non francophones, dans les services d’urgences.
Avec Iliés Haddou, le cofondateur de cet outil, on s’est rendus compte au cours de nos gardes aux urgences que c’était souvent compliqué de comprendre les patients qui ne parlaient pas français, ou avaient des difficultés de langage (aphasie...). Les outils existants de traduction étaient peu utilisés et les interprètes personnels, c’est-à-dire les patients qui viennent avec un proche, ce n’est pas idéal.
L’idée est d’utiliser le temps d’attente des patients pour leur faire remplir un questionnaire médical, afin de récolter un maximum d’informations. C’est ce que l’on appelle l’anamnèse, l’interrogatoire au cours duquel on demande au patient ses antécédents : allergies, symptômes… pour assurer un bon diagnostic.
Les questions sont proposées sur téléphone, ou tablette, dans 12 langues pour le moment, avec des pictogrammes. Ça ne remplace bien sûr pas la communication pendant la consultation, mais comme le médecin a déjà des éléments en main, cela lui laisse plus de temps pour faire la consultation. On ne perd pas de temps à essayer de se comprendre ! En janvier 2023 on a commencé à commercialiser l’outil pour les urgences pédiatriques. En parallèle, on travaille sur la version pour les adultes qui est plus complexe car elle demande plus de questions et de possibilités de diagnostic.

Marti
► Consulter le parcours patients Marti

Financièrement comment faites-vous ?

Fin 2020 nous avons été accompagnés par Pulsalys. Ils ont financé le premier prototype, les frais de traduction et l’emploi d’une chercheuse dans un laboratoire de linguistique de l’ENS. Ensuite début 2022, on a fait un crowdfunding qui nous a permis de récolter 8000€. On a aussi remporté le « Prix déclic jeune » de la Fondation de France avec 8 000€ à la clé. On fait régulièrement des concours car même si on a mis 5 000€ de fonds propres, le développement informatique coûte assez cher. L’année dernière, on a remporté un prix au concours La Fabrique de Abeille assurances qui récompense 15 lauréats sur tout le territoire. Les 60 000€ de subventions gagnées nous ont permis de mettre un coup d’accélérateur.

Comment se sent-on en tant qu’entrepreneur ?

Il y a des hauts et des bas, des jours où tout est génial et d’autres où on recule de deux pas à nouveau. Quand on vient du milieu médical qui est assez fermé quand même, c’est très enrichissant de rencontrer beaucoup de gens, de s’ouvrir à des professions différentes.


Qu'est-ce qui vous anime, l’entrepreneuriat ou la cause ?

C’est plutôt la cause, car l’idée est vraiment née d’un besoin identifié avec mon associé. Le projet est né dans le cadre du hackaton en santé « hacking health » à Lyon. J’y avais participé en bénévole en 2017, et l’année suivante on y est allés avec notre problématique.
La cause, nous a amenés à l’entrepreneuriat !

Comment conciliez-vous vie professionnelle et vie personnelle en tant qu’entrepreneur ?

Moi j’ai un peu de mal, surtout à la période où j’ai repris les stages et où j’ai dû travailler aussi les week-ends. Ma femme m’aide à poser des barrières quand il le faut. J’ai toujours en tête le projet mais j’arrive quand même à couper et je le vis bien !

Que vous a apporté l’incubation à Manufactory ?

Beaucoup de choses : rencontrer et partager avec d’autres entrepreneurs dans des domaines différents mais avec des choses en commun, les ateliers collectifs avec des experts, les locaux… L’accompagnement individuel est important aussi car il permet d’aborder des problématiques particulières, c’est très complet.

Un conseil pour quelqu’un qui hésite à se lancer ?

Si l’entrepreneuriat vous intéresse, le programme Campus création proposé par le Centre d’entrepreneuriat est intéressant, il permet de voir si cela plait ou non. L’entrepreneuriat demande des sacrifices, l’an dernier je m’y suis consacré entièrement. Ce n’est pas toujours facile mais c’est une chouette aventure qui permet d’apprendre beaucoup sur soi et de rencontrer beaucoup de profils variés !

Vos inspirations du moment ?

J’écoute beaucoup de podcasts orientés entreprendre en santé, comme celui de Meriadec Gaigniard « Healthtech in progress ».


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Propos recueillis  par Anne Clausse, Service de la communication.