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LORIOL Romain

Lire et écrire les signes divins. Recherches sur la divination romaine à travers l’historiographie impériale.

Publié le 4 mai 2016 Mis à jour le 4 mai 2016

Thèse en Lettres et civilisation antiques soutenue le 2 avril 2016.

La divination est à Rome l’instrument central du dialogue avec les dieux, et les sources témoignent de l’attention que les Romains portent aux signes divins sous la République et sous l’Empire, dans la pratique publique comme privée. Or, loin d’être une simple manifestation de crédulité, ou à l’inverse la coquille vide d’un ritualisme formel, la croyance aux signes divins a un caractère rationnel, attesté par l’existence à Rome de savoirs et de procédures divinatoires très élaborés. Cette rationalité est sensible dans un autre champ, qui n’a pas ou peu été exploré : les récits de signes. La narration d’un signe divin, telle qu’on en trouve en abondance chez les historiens impériaux, se présente sous la forme d’une description factuelle et sèche dont l’intérêt paraît limité. L’objectif de ce travail est de montrer au contraire que le récit de signes est une forme très riche qui traduit et met en œuvre la pensée divinatoire des Romains.
Un signe divin ne peut être reconnu, interprété, discuté qu’à condition d’avoir été verbalisé. Puisqu’un signe est toujours mis en mots, la posture d’un sénateur devant un prodige qui lui est annoncé, celle d’un simple particulier face à un présage et celle d’un lecteur vis-à-vis du signe qu’il lit ou entend raconter sont similaires : ils reconnaissent et interprètent un signe à partir de sa traduction verbale. Ce que l’étude du récit de signes éclaire alors, ce sont les enjeux de cette mise en mots et de sa réception : sur quels critères un phénomène était-il reconnu à Rome comme un signe ? Quels obstacles rencontrait ensuite son interprétation ? À quelles conditions un signe divin pouvait-il être chargé d’une signification politique, morale, voire d’un sous-texte comique ? Quelles sont enfin les potentialités esthétiques propres au récit de signes ? Il s’agit là de montrer, en déployant ces strates de sens et en dégageant la structure fonctionnelle d’un signe, comment il pouvait être construit et compris – de montrer, autrement dit, pourquoi la divination est un art de lire et d’écrire les signes divins.

In Rome, divination is the essential instrument of the dialogue with the gods, and sources are witness to the attention that the Romans paid to divine signs under the Republic and the Empire, in the public as well as in the private practice. Yet, far from being a simple expression of credulity, or, conversely, the hollow shell of a formal ritualism, the belief in divine signs has a rational nature, as shown by the existence in Rome of extremely elaborate divinatory knowledge and procedures. This rationality is discernible in another field, which has not, or only partially, been explored: tales of signs. The narratives of divine signs, plenty of which can be found in imperial historians’ works, appear as factual and plain descriptions whose interest seems limited. The aim of this dissertation is nonetheless to show that tales of signs are a rich form of expression which translates and implements the Romans’ divinatory thought.
A divine sign cannot be recognised, interpreted, discussed unless it has been verbalised. Since a sign is always put into words, the stances of a senator confronted with a heralded wonder, of an average individual faced with an omen and of a reader vis-à-vis a sign which he reads or hears about are similar: they recognise and interpret a sign from its verbal translation. Thus, the study of tales of signs sheds light on what is at stake in this verbalisation and its reception: what criteria allowed for a phenomenon to be recognised as a sign in Rome? What could impede its subsequent interpretation? Under what conditions could a divine sign be charged with political, moral meaning or even a comical subtext? Finally, what are the aesthetic potentialities specific to tales of signs? We intend to show, by unfolding these strata of meaning and by exposing the functional structure of a sign, how it could be constructed and construed – in other words, to show why divination is a craft of reading and writing divine signs.

Mots-Clés : Signes divins ; divination ; prodiges ; présages ; interprétation des signes ; herméneutique divinatoire ; listes et catalogues de signes divins ; religion romaine ; écrire religieux ; rhétorique et style prodigial ; sermo prodigialis ; historiographie romaine.

Keywords :
Divine signs ; divination ; prodigies ; omina ; interpretation of signs ; divination hermeneutics ; lists and catalogues of divine signs ; roman religion ; religious writing ; rhetoric and aesthetic of signs ; sermo prodigialis ; roman historiography.

Directeur de thèse : Bruno BUREAU
                                  
Membres du jury :
- BELAYCHE Nicole Directeur de recherches Ecole Pratique des Hautes Etudes de Paris
- GUERIN Charles Professeur des universités Université Paris-Est Créteil
- SCHEID John Professeur des universités Collège de France
- BUREAU Bruno Professeur des universités Université Jean Moulin Lyon 3 Directeur de thèse

Président du jury
: John SCHEID

Mention : Très honorable avec les félicitations

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