• Recherche,

L'Excès : signe ou poncif de la modernité

Publié le 8 juin 2007 Mis à jour le 29 juin 2007

Compte rendu du Colloque "L'Excès : signe ou poncif de la modernité" organisé les 25, 26 et 27 janvier 2007 par le Centre Jean Prévost/groupe Marge de L'université Jean Moulin Lyon 3 Responsables scientifiques : Gilles Bonnet et Lionel Verdier

Le colloque intitulé « L'Excès : signe ou poncif de la modernité ? » s'est tenu du 25 au 27 janvier 2007 à l'Université Jean Moulin Lyon 3. Il s'inscrit dans une politique de recherche centrée sur la notion d' « excès », orientation choisie par le groupe MARGE (centre Jean Prévost) pour deux ans. Ce projet répondait pour ses responsables scientifiques à trois objectifs majeurs :

  • favoriser le dialogue entre champs disciplinaires et culturels (proposer des synergies littérature, philosophie, musicologie, esthétique...) et confronter analyses et pratiques artistiques contre les présupposés découlant de la clôture du texte et de la fragmentation des savoirs ;
  • proposer des thèmes novateurs et fédérateurs constituant des champs d'investigation originaux autour de l'émergence de formes nouvelles d'expression (et donc souvent en marge des horizons, des codes, des genres, des formes et des styles institués) ;
  • repérer, par le choix de notions en marge de la terminologie littéraire, des cohérences culturelles inaperçues, des déplacements notionnels, des critères nouveaux, des lignes de fracture et des prolongements diachroniques parfois recouverts par les discours sur la modernité (l'excès ne se réduit pas à une question de style, échappe à une taxinomie générique rigide, suggère des modes de figuration à la fois singuliers et divers : en un mot l'excès n'est ni l'hybris, ni la démesure, ni l'outrance...) ;
  • recontextualiser formes et styles, genres et pratiques transgressives, représentations et figurations nouvelles du sujet, en explorant et en recensant des oeuvres parfois marginales parce que relevant justement d'écritures de l'excès (marginalia, variantes, formes « excédentaires » dans toutes les acceptions du terme).

 La conférence d'ouverture prononcée par le poète Salah Stétié, « L'Excès et ses danseurs », situait d'emblée les débats dans une perspective ontologique (« Tout commence avec le Péché originel ») et philosophique (la pensée nietzschéenne marquant avec évidence une orientation majeure pour les poétiques de la modernité). Cette tension fut explorée, lors de la première journée, à la fois par des études monographiques (Sade, la « littérature des dérèglements », Rimbaud, la « narration aurevilienne ») et par des approches philosophiques (le philosophe Paul Audi notamment proposant une autre lecture de la pensée nietzschéenne).

 La seconde journée permit d'aborder les relations entre « excès » et esthétique, qu'il s'agisse du surréalisme ou de l'œuvre inclassable de Pérec, des rapports entre littérature et cinéma (autour de l'œuvre de Claude Simon), ou de la situation complexe de la « transgression » dans l'art contemporain déchiré entre rupture, comme a pu le montrer Germain Roesz, et ascèse, point de vue développé par Jacques Clerc, sculpteur et éditeur de livres d'art (Editions « La Sétérée »). Cette réflexion sur la contrainte et la transgression a conduit à examiner l'hypothèse d'un « tragique de l'excès », notamment dans le théâtre contemporain et ses pratiques scéniques (Sarah Kane). La dernière journée enfin, tout en présentant des réflexions sur des auteurs essentiels (Blanchot, Michon, Leslie Kaplan, Anne-Marie Albiach, Artaud) a parcouru les liens obscurs entre corps et excès.  Ce colloque consacré à l'excès a donc permis un débat très riche entre universitaires, écrivains, plasticiens, éditeurs, philosophes mais aussi un échange culturel autour de lectures et de performances : l'Université a ainsi eu le plaisir d'accueillir les lectures de Salah Stétié et la performance du plasticien Germain Roesz ; une lecture-performance du romancier François Bon (« Rabelais à l'excès ») a été organisée le vendredi 26 janvier en partenariat avec la Villa Gillet.

                                             Gilles Bonnet et Lionel Verdier                                              Maîtres de conférences Université Jean Moulin Lyon 3