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KOUDINOFF Gwendoline
De l’académisme à la mnémopicturalité : les tableaux vivants photographiques et les albums de photocollages de l’ère victorienne en Grande-Bretagne
Publié le 24 avril 2023 – Mis à jour le 24 avril 2023
Thèse en Lettres, Langues, Linguistiques et arts, soutenue le 18 avril 2023.
La présente thèse vise à mettre en lumière la pratique des tableaux vivants à partir de l’invention de la photographie en 1839 jusqu’aux années 1870 en Grande-Bretagne. C’est en Angleterre, en Écosse mais aussi au Pays de Galles victoriens que les artistes photographes, alors devenus adeptes de procédés optiques et chimiques, tentent d’inscrire une praxis des tableaux vivants dans un académisme pictural formel, malgré les dissonances visuelles qui peuvent résulter de cette ambition esthétique. À la fois produit de l’art et de la science, le tableau vivant photographique s’impose comme un mélange interdisciplinaire entre théâtre, peinture et sculpture. Cette intermédialité entre des disciplines normalement compartimentées fait du tableau vivant une image-symptôme dont la trace visuelle peut perdurer depuis l’invention de la photographie jusqu’à nos jours. La performance d’un tableau vivant sur la scène de théâtre avant cela le réduisait au statut d’œuvre éphémère. La photographie perturbe ainsi les conventions artistiques au point de faire subir au tableau vivant une évolution radicale : au départ, il prend notamment la forme du photomontage pour ensuite se muer en une composition plus affirmée que l’on peut qualifier de photocollage avant l’heure. En plus de leur exposition dans les salles de musées, les tableaux vivants s’introduisent dans l’intimité des albums photographiques familiaux. Ce glissement libère ainsi une créativité qui aboutit pendant l’ère victorienne à cette réalisation de photocollages. Des portraits photographiques sont toujours mis en scène à la manière d’un tableau vivant mais cette fois-ci à grand renfort de ciseaux et de colle sur la surface peinte d’une page d’album. Cette antériorité esthétique des photocollages victoriens anticipe les collages cubistes du XXe siècle. L’image-symptôme se double par conséquent d’un anachronisme qui permet de repenser la place accordée au tableau vivant par l’histoire de l’art. Ce sont ces mêmes paradoxes esthétiques qui offrent au créateur et au spectateur du tableau vivant une expérience heuristique aussi divertissante qu’intellectuelle.
Mots-clés : XIXe siècle, tableau vivant, esthétique, photographie, photocollage, peinture, histoire de l’art, études victoriennes, surréalisme, culture visuelle, Charles Darwin, Lewis Carroll.
This dissertation examines the practice of living pictures – also known as tableaux vivants – from the invention of photography in 1839 to the 1870s in Great Britain. In Victorian England, Scotland and Wales, art photographers, then adopting optical and chemical processes, attempt to draw on formal academic art to set the stage for the praxis of living pictures, despite the visual inconsistencies resulting from these esthetical ambitions. As a hybrid between art and science, the photographic living picture stands out as an interdisciplinary blend of visual arts such as painting, sculpture and theater. The intermedial dynamics of these arts, normally studied separately from one another, brings up the issue of symptoms lurking in images, especially when their permanent imprint has been made possible by the discovery of photography. Previously, the performance of a living picture on stage in theaters was discarded as a temporary art form. Photography therefore disrupts art conventions to the point where living pictures can change radically. At first, they mostly take the shape of composite images with the use of the photomontage process and then turn into more starkly contrasting arrangements that can be referred to as early photocollages. In addition to their exhibitions in museums, living pictures make their way into the intimacy of family photo albums. This spatial shift unlocks a creativity that leads to the unexpected making of photocollages during the Victorian era. This type of portrait photography is still staged in the style of a living picture but this time making liberal use of scissors and glue on the painted surface of an album page. This esthetical precedence of Victorian photocollages predicts the cubist collages of the 20th century. On top of showing visual symptoms, living pictures display an anachronistic dimension that makes the viewer think again about how significant living pictures can be in art history. These esthetical paradoxes give the author and the viewer of a living picture the opportunity to experience heuristic activities that prove to be entertaining, but also intellectually satisfying.
Keywords : 19th century, living picture, esthetics, photography, photocollage, painting, art history, Victorian studies, surrealism, visual culture, Charles Darwin, Lewis Carroll.
Directeur(trice) de thèse : Lawrence GASQUET
Membres du jury :
- Mme GASQUET Lawrence, Directrice de thèse, Professeure des universités, Université Jean Moulin Lyon 3,
- M. CHATEL Laurent, Rapporteur, Professeur des universités, Université de Lille,
- Mme LAURENT Béatrice, Rapporteure, Professeure des universités, Université Bordeaux Montagne,
- Mme BEACHARD-LEAUTE Anne-Françoise, Maître de conférence, Université Jean Monnet, Saint Etienne,
- M. EDWARDS Paul, Maître de conférences, Université Paris Cité,
- M. KEMPF Jean, Professeur des universités émérites, Université Lumière Lyon 2.
Président(e) du jury : Béatrice LAURENT
Documentation
Mise à jour : 24 avril 2023