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Interview-Portrait du Général Ahmad HAJJAR, Directeur de l’Académie

Dans le cadre du Master Sécurité Intérieure, l'ancien Directeur de l'Académie d'Aramoun revient sur son parcours, la génèse du Master Sécurité Intérieure, ainsi que les liens unissant l’Ambassade de France, l’Université Lyon 3 et l’Académie des Forces de Sécurité Intérieure libanaises et les perspectives de coopération.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots et votre parcours au sein de l’Académie Aramoun ?

Je suis le général Ahmad Al Hajjar. J’ai passé 38 ans de service au sein des Forces de Sécurité Intérieure (FSI) dans des postes variés avant d’être nommé directeur de l’Académie des FSI à partir du 25/5/2014 jusqu’au 28/10/2022.
Dès le premier jour, le chantier de développement et de modernisation était ouvert. L’Académie s’est installée à Aramoun, son nouveau site et il fallait procéder à l’aménagement et à l’équipement du nouveau site mais en même temps, à la professionnalisation des formateurs et du personnel de l’Académie.
Avec une équipe de travail compétente et motivée, nous avons pu réaliser une montée en puissance remarquable de l’Académie. Les programmes de formation ont été refaits en se basant sur l’approche par compétence, une informatisation du travail administratif et du management de la formation est achevée, la formation à distance initiée ainsi qu’un centre de contrôle de qualité a été créé grâce auquel nous avons pu obtenir le certificat ISO 21001 : 2018 en 2021.
L’Académie est devenue un centre d’excellence au Liban en matière de formation sécuritaire très reconnu non seulement au niveau des FSI, mais aussi au niveau national et même international.

Pouvez-vous rappeler brièvement la genèse et les grandes étapes de réalisation de ce projet de Master Sécurité Intérieure ?

Le développement de l’Académie qu’on a pu achever, la qualité du travail et le haut niveau professionnel de ses officiers et sous-officiers, nous a encouragé à mettre en œuvre un projet « rêve » qui remonte à l’an 1996 quand j’ai obtenu mon DESS, l’équivalent d’un Master 2 à notre jour, délivré par l’université Jean Moulin Lyon 3 en partenariat avec l’ENSP.
En 2019, nous avons commencé les négociations avec l’Université avant d’être stoppé par la crise du Covid-19. En 2021, nous avons poursuivi les négociations avec beaucoup de détermination et de bonne volonté pour réaliser le projet. Des réunions intenses à Aramoun comme à Lyon ont permis de valider le côté pédagogique du Master, puis, avec le soutien de l’ambassade de France à Beyrouth, nous avons assuré le financement du projet pour trois ans à travers le centre de crise et de soutien (CDCS) au sein du ministère des affaires étrangères français.
Enfin, le 25 Novembre 2021, nous avons signé à Aramoun la convention de partenariat tripartie entre les FSI, l’université Jean Moulin Lyon 3 et l’ENSP et, le lendemain, la première promotion a été lancée.

Quel a été votre rôle jusqu’à aujourd’hui ?

Dès le premier jour, j’ai constitué une petite équipe de l’Académie auquel je rends hommage pour leur dévouement, afin de négocier avec les partenaires concernées (université, ENSP, ambassade de France à Beyrouth). J’avoue que, le jour où nous avons sollicité ce programme, j’étais loin d’imaginer ce cheminement de qualité que nous avions entrepris, tous ensemble, pour arriver à ce succès aussi rapidement.
Par ailleurs, en tant que directeur de l’Académie, en même temps membre du conseil de commandement et chef de la planification stratégique des FSI, j’avais la responsabilité de concevoir un projet stratégique pour les FSI, d’assurer son intégration dans le système de formations promotionnelle et continue de nos officiers, puis de suivre de près l’implémentation du projet et de garantir sa continuité pour les années à venir.
Aujourd’hui, je continue mon suivi et mon soutien du projet en tant que consultant du directeur général des FSI pour les affaires lies à l’Académie et à la planification stratégique.

Importance soutien/coopération France/Ambassade de France/Lyon 3 dans ce projet de formation ?

Le soutien de la France au Liban et la coopération franco-libanaise date de très longtemps, surtout au niveau sécuritaire. Ce partenariat tripartie entre les FSI, l’université Jean Moulin Lyon 3 et l’ENSP est un excellent exemple de cette coopération et de ce soutien.
En effet, ce Master intègre dans la formation professionnelle des officiers des FSI qui servent tout le Liban un curriculum Français académique et universitaire pareil à celui des commissaires Français. Ce programme participe sans doute au rayonnement de la francophonie et de la culture Française. C’est un projet singulier dans la coopération franco-libanaise, un projet unique nationalement et régionalement.
Je suis vraiment fier du succès de ce projet, qui n’aura pas été possible sans l’engagement de tous les partenaires et le soutien de leurs autorités. Cet engagement et ce soutien se sont manifestés clairement durant la cérémonie de remise des diplômes de la première promotion 2021-2022, avec la présence du directeur général des FSI, de Mme l’ambassadrice de France à Beyrouth, de la représentante du président de l’université Jean Moulin et de Mme la directrice de l’ENSP.

Après la diplomation de la 1ère promotion, quel bilan faites-vous de ce Master ?

19 officiers FSI ont suivi l’année universitaire 2021-2022 avec succès tout en cumulant le long de l’année des connaissances enrichissantes et indispensables pour leur travail au quotidien avec une ouverture européenne sur le monde policier. En même temps, les intervenants de l’université et de l’ENSP ont apprécié le haut niveau et l’implication de nos officiers, et les résultats finaux ont conduit à sélectionner deux officiers pour s’inscrire en doctorat grâce à leur distinction.

À la suite de cette première année largement réussite, 25 officiers ont été sélectionnés pour une deuxième promotion 2022-2023 réservant des places pour des officiers supérieurs des FSI et des autres services de sécurité : l’armée libanaise, la sûreté de l’état et la sûreté générale.

La motivation et l’enthousiasme chez les officiers à intégrer le programme du Master prouvent le bénéfice certain de ce programme, la qualité de l’enseignement et la valeur précieuse du diplôme obtenue.

Finalement, le Master 2 a acquiert une réputation inédite au sein des FSI ainsi qu’au niveau des différents services de sécurité libanais.

Quel avenir/perspectives pour le Master et la coopération ?

Le Master 2 délocalisé, ce projet innovant et inédit, représente un succès pour les FSI, l’université Jean Moulin Lyon 3, l’ENSP et l’ambassade de France à Beyrouth. Ce Master est devenu un pilier essentiel de la coopération qui offre des bénéfices pour tous les partenaires. Pour les FSI, c’est un gain stratégique qui aide à préparer les futurs chefs dans notre institution et, en même temps, il favorise la coopération interinstitutionnelle au Liban en intégrant au Master des officiers des différents services de sécurité.

 

Dates
Créé le 14 février 2023