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Intelligence artificielle : l’Université Jean Moulin Lyon 3 impliquée dans un vaste projet CNRS à Singapour

Publié le 3 septembre 2021 Mis à jour le 1 octobre 2021
L’Université Jean Moulin Lyon 3, à travers l’engagement de l’une de ses chercheuses, participera dès l’automne 2021 à un vaste projet international collaboratif sur l’intelligence artificielle hybride. Un programme porté par la filiale du CNRS à Singapour, en partenariat avec la National Research Foundation (Singapour).

Dédié à la prise de décision dans les « systèmes critiques urbains », l’un des nombreux défis de recherche liés à la « ville intelligente », le programme sera doté de 35 M€ sur une période de cinq ans. Intitulé DeScartes pour « Program on intelligent modelling for decision-making in critical urban systems », le projet débutera en octobre 2021, sous la direction de Francisco Chinesta.
 

IA : France – Singapour, une ambition commune

Descartes est un programme bilatéral franco-singapourien financé par la National Research Foundation (Singapour) et le CNRS qui a ouvert en 2019 à Singapour CNRS@CREATE, sa toute première filiale de recherche au cœur du hub singapourien de recherche « Create ».
« Create n’avait pas de projet sur cette thématique : avec Descartes, le CNRS se fait une belle place au sein du campus tout en répondant à des besoins identifiés par Singapour pour mettre en place sa politique de ville intelligente à l’horizon 2030, via sa stratégie nationale d’IA lancée en 2019, portée notamment par le programme AISG (AI Singapore) de la NRF », explique Dominique Baillargeat, directeur de CNRS@CREATE.
Selon lui, Descartes permet également de « s’associer au plan national intelligence artificielle français alors que quatre 3IA (instituts interdisciplinaires en intelligence artificielle) ont été créés et pourraient y participer ».
Fin juin 2021, les deux pays ont signé un partenariat fort en matière de recherche en IA, centré sur quatre domaines de recherche prioritaires : les données et leurs applications, l’IA vérifiable et explicable, le traitement du langage naturel, et l’interaction entre l’IA et l’interaction homme-machine.

Du côté français, 12 établissements sont impliqués dans le programme, aux côtés du CNRS : l’Université Paris-Saclay, l’Université Toulouse 3, l’Université Jean Moulin Lyon 3, l’Université (Paris 8) Nice, l’Université de Bordeaux, l’Université Paris Dauphine - PSL, ENS - PSL, l’Université de Strasbourg, l’Enac, Arts et Métiers, INP Grenoble, Toulouse INP Enseeiht. Le consortium singapourien est quant à lui composé de cinq universités : Nanyang technology University, National University of Singapore, Singapore University of technology and design, Singapore University of social science et Singapore management University et l’Institut A*Star (Agency for science, technology and research, l’agence nationale singapourienne de R&D).
 

Analyser et optimiser des données sur les usages dans « la smart nation »

L’objectif du programme Descartes est de répondre à des situations complexes liées aux systèmes urbains critiques dans le contexte de la “Smart Nation” de Singapour. Il s’agit de proposer des systèmes dans la ville qui sauront analyser des données sur l’utilisation des services par la population puis prendre des décisions d’optimisation. Ces recherches pourront ainsi être appliquées, à la mobilité urbaine ou la gestion de l’énergie, ou pour anticiper les besoins de futurs réseaux de transports, d’industries intelligentes ou d’immeubles intelligents. L’idée est de déployer l’IA sur des cas d’étude à l’échelle industrielle, en impliquant les agences gouvernementales et les industries locales, pour penser des applications à l’échelle mondiale

Nous visons par exemple à développer des solutions pour optimiser l’offre à la demande du réseau d’électricité, ou des solutions pour fluidifier la circulation de drones-taxi ou de drones de livraison, ou encore développer une maintenance prédictive intelligente appliquée aux outils industriels, explique Dominique Baillargeat.

Ces solutions seront développées par une trentaine de doctorants et une cinquantaine de post-docs en plus des 80 enseignants-chercheurs et chercheurs singapouriens et français dont une partie sera basée à Singapour grâce à des séjours longue durée financés par le programme.
 

Les humanités au cœur du programme

Le consortium singapourien est internationalement reconnu dans le domaine des villes intelligentes et pour les disciplines cœurs de l'IA. Le consortium français, l’est quant à lui dans le domaine des technologies d'hybridation de l'IA et de l'ingénierie, et celui des sciences humaines et sociales (SHS). Parmi les 9 volets thématiques (work package) que comporte Descartes, 4 intègrent les SHS (dont 2 exclusivement).

Les SHS questionnent l’IA, à la fois sur ses enjeux - juridiques, éthiques, politiques – et plus globalement sur les valeurs et les usages d’une société future souhaitable. Il est rare qu’un projet international en matière d’IA fasse une si belle place aux SHS et il faut s’en réjouir.
souligne Marida Di Crosta, maîtresse de conférences HDR et chercheuse en Sciences de l’information et de la communication à l’Université Jean Moulin Lyon 3 (laboratoire Marge – EA 3712), qui coordonne le volet du programme dédié à la dimension créative, communicationnelle et juridique.

Selon elle, « il est primordial de placer le citoyen - l’humain, mais aussi plus généralement le vivant - au cœur des dispositifs d’IA. Les smarts cities qui ne prennent pas en compte les besoins et usages des utilisateurs finaux en interaction constante avec l’environnement, courent à l’échec. »
Spécialiste des mutations en cours de l’audiovisuel et de l’évolution des pratiques scénaristiques, Marida Di Crosta s’intéresse à la question des représentations de l’IA dans la fiction et dans l’art mais aussi aussi à celle de l’utilisation de l’IA pour la création et aux possibilités de co-création humain-machine.