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Extrait de l’ouvrage « Au fil des Humanités » : L’ouverture d’un nouveau champ de recherche : de l’Asie à la transculturalité

Publié le 3 juillet 2013 Mis à jour le 15 mai 2014

Les chercheurs de l’IETT investissent alors un champ peu exploré en France qui est celui des études transculturelles. Ils veulent interroger, de manière transculturelle, historicisée et transdisciplinaire, la modernité et ses représentations culturelles, « afin de rétablir des totalités là où l’épistémologie traditionnelle [nous] imposait un morcellement. » Un pari osé mais réussi puisque l’AERES souligne « l’originalité » du projet reposant sur une véritable interdisciplinarité ainsi que la qualité et l’envergure des collaborations tant locales qu’internationales.

Les fonds chinois au silo de conservatoion

L’Asie : un territoire qui intéresse la gestion et le management

D’autres laboratoires s’intéressent à l’Asie, notamment dans le domaine de la gestion et du management. L’Institut d’Administration des Entreprises (IAE), école universitaire de management de l’Université Lyon 3 soutient depuis une dizaine d’années le Centre franco-chinois de recherche sur les organisations de l’Université Sun Yat-Sen à Canton en collaboration avec Jean Ruffier, chercheur CNRS et sociologue lyonnais.

Questions à Jean RUFFIER :
Comment est né le Centre franco-chinois de recherche sur les organisations de l’Université Sun Yat-Sen ?
Tout commence, à la fin des années 80, d’une surprenante rencontre entre mes objets de recherche sur les usines et les transferts de technologies et les besoins des municipalités de Lyon et de Canton. De mon côté, je cherchais un exemple de transfert dans lequel l’acheteur et le vendeur soient les plus éloignés possibles tant en termes de compréhension mutuelle que des connaissances en jeu, afin de repérer plus facilement où se font les passages importants de savoirs. De leur côté, une collaboration se dessinait suite à une visite touristique à Canton d’un élu lyonnais qui avait gagné un séjour à Hong-Kong… En apprenant qu’un édile municipal lyonnais est sur place, la municipalité de Canton le reçoit. Admirative du métro lyonnais et en visionnaire de ce que deviendra Canton, elle demande de l’aide pour construire un métro. Ce projet était pour moi LE cas d’école que je recherchais : la SEMALY n’avait aucune expérience à l’export et les chinois aucune maîtrise de la technologie vendue. J’ai proposé de monter une équipe de recherche franco-chinoise pour observer le transfert de technologie et travailler sur l’image que se renvoyaient mutuellement les parties prenantes. De là a débuté le partenariat avec le département de sociologie de l’Université Sun Yat-Sen, à l’origine, dix ans plus tard, de l’actuel centre né avec le soutien de l’Université Lyon 3 et de l’IAE que je venais d’intégrer.
C’était alors le premier centre de recherche en sciences sociales codirigé avec un partenaire étranger en Chine.

Comment fonctionne-t-il ?
Quand il y a un projet, nous montons une équipe de chercheurs et doctorants français et chinois. Le Centre est entièrement financé par la Chine mais la direction est confiée à un chercheur français. C’est une structure formalisée mais discrète qui a des liens avec les autorités locales et les acteurs de la politique industrielle tant chinois que français et dont le principal point fort est sa capacité à observer n’importe quel site en Chine. Son fonctionnement est un peu différent d’un laboratoire classique mais son rôle est identique : chercher et former.

Ne serait-ce pas intéressant que cela devienne une équipe de recherche labellisée comme telle en France ?
C’est une vraie question mais la manière de faire de la recherche a beaucoup évolué et le rôle du laboratoire avec. Ce dernier m’apparaît plus comme une structure de financement et d’évaluation des recherches, d’animation de la vie des doctorants et de la vie locale que comme le lieu privilégié de documentation, d’échanges et de confrontation scientifique qu’il était auparavant.
Il y a 30-40 ans, l’accès à l’information était coûteux. Si on voulait un livre, on faisait un compte-rendu pour une revue. C’est comme ça que s’est constitué le fond de départ du Groupe Lyonnais de Sociologie Industrielle (GLYSI) ! De même, la création de l’Institut d’Asie Orientale avait pour premier objectif de rassembler des chercheurs autour d’une bibliothèque.
Maintenant, le problème est plutôt de trier ce qu’il faut lire ! Les chercheurs travaillent aussi beaucoup plus en réseau et sur projets. En 1976, j’ai créé avec Philippe Bernoux le GLYSI mais en 1989, j’ai créé un réseau qui a pris, en ce qui me concerne, le relais du laboratoire. L’important est de maintenir les liens de discussion car la science est un domaine de confrontation. Il faut que les chercheurs se parlent mais pas qu’ils appartiennent aux mêmes entités. Au contraire, la rivalité est stimulante et pour cela, c’est parfois mieux d’être dans des entités
distinctes.
La SEMALY (Société d’Études du Métro del’Agglomération Lyonnaise) a été créée en 1968 pour la construction du métro de Lyon. Elle est devenue Egis Rail.
Le GLYSI a été reconnu par le CNRS et rattaché à l’Université Lyon 2 en 1981, puis est devenu le MODYS (universités Lumière Lyon 2 et Jean Monnet Saint-Étienne), avant de fusionner avec le Groupe de Recherche sur la Socialisation en 2011 pour constituer l’actuel Centre Max Weber.
De son côté, l’EMLYON Business School s’est engagée dans des coopérations avec plusieurs universités chinoises et a conclu un accord de partenariat stratégique avec l’Institut d’Économie de l’Université Fudan (Shanghai), pour la mise en place d’un centre de formation et de recherche sur l’entrepreneuriat en Asie :
www.em-lyon.com/france/emlyon/inter/asie/index.aspx
 
Son auteur : Jean Ruffier
Jean Ruffier est chercheur en sociologie industrielle, IAE Lyon – École universitaire de management, Université Jean Moulin Lyon 3, directeur du centre franco-chinois de recherches sur les organisations de l’Université Sun Yat-Sen de Canton.
Tél : +33 (0)6 70 31 48 08 - jean.ruffier@univ-lyon3.fr

CV de Jean RUFFIER

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