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Évaluer le poids du prélèvement seigneurial et fiscal dans les campagnes médiévales

Publié le 9 juillet 2007 Mis à jour le 10 juillet 2007

Le colloque "Évaluer le poids du prélèvement seigneurial et fiscal dans les campagnes médiévales" s'est tenu les 7 et 8 juin 2006.

Le Centre d'Histoire Médiévale de l'Université Lyon 3 (EA 3710) a organisé les 7 et 8 juin 2006 une table-ronde sur le thème de la mesure du prélèvement seigneurial et fiscal pesant sur les exploitations paysannes au Moyen Âge. Ponction «légère», «supportable», «écrasante», tels sont quelques-uns des qualificatifs qu'on trouve au fil des études monographiques. Mais trop souvent, ces dernières en restent au niveau de l'impression subjective. C'est aussi que les sources se dérobent : peu nombreuses sont celles qui nous font connaître l'intégralité de la ponction ; plus rares encore sont celles qui nous permettent d'évaluer la totalité du revenu paysan sur lequel elle est assise. L'évaluation du taux de prélèvement suppose la maîtrise de nombre de données conjoncturelles, telles que le niveau des prix, les rendements céréaliers, l'évolution démographique, le change des monnaies, etc. Les problèmes méthodologiques sont donc considérables. Le but de cette table-ronde, conçue comme la première d'une série de plusieurs rencontres, était donc de permettre à une douzaine de chercheurs de confronter les méthodes souvent empiriques par lesquels ils tentent d'obtenir au moins des ordres de grandeur convaincants. A peu près tous les types de documentation permettant de connaître la ponction seigneuriale et fiscale entre le XIe et le XVe siècle ont ainsi été présentés, avec une insistance particulière sur la France de langue d'Oc. Sans surprise, les documents comptables, qui apparaissent surtout depuis le commencement du XIVe siècle, se sont avérés les plus efficaces, mais pour les périodes antérieures les contrats agraires et les terriers sont également des sources exploitables. Paradoxalement, il s'avère plus facile de comparer le poids respectif des différentes taxes, ou encore de diagnostiquer une poussée ou un allégement de la ponction, que d'évaluer un taux de prélèvement global à une date donnée. Les intervenants ont pourtant rivalisé d'ingéniosité pour faire « parler » des sources très diverses, et fournir des comparaisons expressives. Tel chercheur évalue le prélèvement en journées de travail salarié, estimant qu'à la fin du règne de Charles V, le paysan languedocien travaille chaque année quinze jours à un mois pour le roi. Tel autre l'exprime en volume de céréales, estimant que ce que livre à son seigneur tel paysan savoyard du XIIIe siècle correspond à la nourriture annuelle d'un adulte et d'un enfant. Tel autre enfin, pour la Beauce de la fin du Moyen Âge, estime le montant annuels des cens à l'hectare à 1,5% du prix de la terre, etc. Cette première rencontre a permis aux intervenants de mettre en commun leurs réussites aussi bien que leurs doutes et leurs échecs. Elle a été animée de longues et vives discussions méthodologiques, et tous les participants ont souhaité poursuivre leurs échanges. Un groupe de travail informel s'est mis en place, qui a vocation à nouer des liens avec d'autres chercheurs, au niveau français et européen

 Nicolas Carrier  Responsable scientifique