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COSTE Clément

Imposer ou créditer Réformes et révolutions fiscales dans les économies politiques socialistes du XIXe siècle français

Publié le 17 novembre 2016 Mis à jour le 31 octobre 2017

Thèse en Sciences Economiques soutenue le 29 septembre 2016.

Les histoires de la pensée économique sont relativement discrètes à l’égard des économies politiques socialistes qui se développent en France au cours des deux décennies 1830 et 1840. La thèse se propose de réinvestir ces écrits afin de les inscrire dans une histoire de l’économie politique. La fiscalité est la porte d’entrée de cette enquête. Elle est pensée comme lieu de jonction entre espace politique et espace économique : la fiscalité est envisagée comme dispositif étatique susceptible de catalyser, d’encadrer et de désamorcer la puissance régulatrice du marché. S’intéresser à l’impôt doit ainsi permettre de rendre compte de visions articulées autour des interdépendances pensées par les socialistes entre l’État et le marché. La thèse porte sur deux grandes traditions.
Au sein de l’économie politique saint-simonienne, incarnée entre autres par Barthélémy Prosper Enfantin, Michel Chevalier, Alphonse Decourdemanche, Emile et Isaac Pereire, l’impôt est appréhendé dans une perspective très fonctionnaliste. Il s’agit par l’impôt de configurer le marché en rééquilibrant les dotations matérielles et en activant la circulation des capitaux de manière à permettre la baisse du taux d’intérêt. Les saint-simoniens développent par ailleurs une théorie socio-économique de l’emprunt : le développement de l’endettement public est un moyen de socialiser le crédit et les capitaux. La deuxième tradition, celle des socialistes fraternitaires dont Louis Blanc, Pierre Leroux, Jean Reynaud, François Vidal et Constantin Pecqueur sont des représentants, réfute la théorie saint-simonienne de « l’emprunt public illimité » et propose la réforme des institutions économiques et commerciales susceptibles de fournir à la jeune République les ressources nécessaires pour financer le « droit au travail » sans avoir recours ni à l’impôt, ni à l’emprunt.
Les arguments développés s’inscrivent dans des économies politiques singulières qui manifestent chacune à leur manière leur opposition à l’économie politique libérale : une économie politique capacitaire (saint-simonienne) incarnée dans un discours technique articulé aux débats financiers de l’époque, une économie politique républicaine (fraternitaire) caractérisée par un discours philosophique qui tente de réintégrer la question politique dans le traitement des affaires économiques. Réinventer la fiscalité pour réorganiser la société est un objectif important que se donnent les socialistes du XIXe siècle français.

Histories of economic thought are relatively discrete with regards to the socialist political economies which developed in France during the 1830s and 1840s. This dissertation aims to reconsider relevant writings before putting them into the context of the history of political economy. The tax system is the starting point of this study. It is thought of as the meeting point between the political and economic spheres: the tax system is envisaged as a state apparatus, able to catalyze, to structure and to neutralize the regulatory power of the market. An interest in tax thus takes into account socialist viewpoints revolving around the independencies between the State and the market. This dissertation focusses on two main traditions.
Firstly, in Saint-Simonian political economy, embodied amongst others by Barthélémy Prosper Enfantin, Michel Chevalier, Alphonse Decourdemanche, Emile and Isaac Pereire, tax was understood from a very functionalist perspective. It was through tax that the market was structured, by restoring balance to material funds and by activating the movement of capital in such a way as to decrease interest rate. Moreover, the Saint-Simonians developed a socio-economic theory of borrowing: the development of public debt was a means to socialize credit and capital. The second tradition, that of the fraternal socialists represented by Louis Blanc, Pierre Leroux, Jean Reynaud, François Vidal and Constantin Pecqueur, refuted the Saint-Simonian theory of “unlimited public borrowing”. It proposed the reform of the economic and commercial institutions likely to provide the young Republic with the necessary resources to fund the “right to work”, without recourse to tax or to borrowing.
The arguments developed were part of singular political economies which demonstrated, each in their own manner, their opposition to liberal political economy: a capability political economy (Saint-Simonian), manifested in the technical discourse articulated in the financial debates of the time; a republican political economy (fraternal), characterized by the philosophical discourse which attempted to reintegrate politics into the treatment of economic affairs. The reinvention of the tax system in order to reorganize society was an important objective for the 19th century French socialists.

Mots clefs : saint-simonisme, socialisme fraternitaire, impôt, revenu, capital, emprunt public, dette publique, caisse d’amortissement, conversion de rentes, Etat, égalité.

Keywords : 
Saint-Simonism, fraternal socialism, tax, income, capital, public borrowing, public debt, redemption fund, conversion of annuities, State, equality

Directeur de thèse
: Ludovic FROBERT
                                  
Membres du jury :
- BELLET Michel, Professeur des Universités, Université Jean Monnet Saint-Etienne
- BLANC Jérôme, Professeur des Universités, IEP de Lyon
- CLEMENT Alain, Professeur des Universités, Université François Rabelais de Tours
- DESMEDT Ludovic, Professeur des Universités, Université de Bourgogne
- FROBERT Ludovic, Directeur de recherches au CNRS, ENS de Lyon
- HYARD Alexandra, Maître de conférences HDR, Université Lille 1

Président du jury
: Michel BELLET

Equipe d'accueil : MAGELLAN
 
Décision : Admis