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CAHANIER Simon

Hispania maxima bellis. Recherches historiques et littéraires sur la mémoire culturelle des guerres de Roma dans la péninsule ibérique de la fin du IIIe siècle av. J.-C. au début du Ve Siècle ap. J-C.

Publié le 12 mars 2021 Mis à jour le 12 mars 2021

Thèse en Lettres, soutenue le 18 décembre 2020.

Cette thèse propose une analyse diachronique de la mémoire culturelle antique des guerres romaines menées entre 218 et 16 av. J.‑C. dans la péninsule Ibérique. Nous l’étudions comme un artefact culturel selon une triple perspective, sociale, politique et littéraire, afin de mettre en évidence les modalités et les enjeux de son élaboration et de sa transmission depuis l’époque de la deuxième guerre punique jusqu’au début de l’ère chrétienne. En adoptant une méthode comparatiste, qui confronte les témoignages littéraires entre eux et avec les supports matériels de la mémoire (numismatique, épigraphie, iconographie), nous proposons d’identifier trois périodes dans l’histoire de cette mémoire. Sous la République, l’invention et la diffusion de la mémoire des victoires militaires s’impose comme l’un des enjeux de la compétition aristocratique, tandis que la mise en récit de cette mémoire dans des ouvrages historiques traduit une volonté de mise en ordre du passé au service des intérêts de la nobilitas. Sous le premier Principat, l’achèvement de la conquête par Auguste et la mémoire « officielle » qu’il élabora de sa campagne cantabrique conduisirent ses contemporains à envisager, dans une perspective téléologique, les guerres hispaniques comme constitutives d’un processus unique. Sous l’Empire, on assiste à un appauvrissement de la mémoire et aux efforts des auteurs pour la réorganiser dans des formes narratives nouvelles afin de se l’approprier : si la littérature exemplaire élabora une mémoire des victoires, les historiens dénoncèrent l’impérialisme romain et portèrent sur le passé un regard pessimiste, exacerbé dans l’apologétique chrétienne.

Mots-clés : Mémoire culturelle ; Rome ; Scipion ; Auguste ; idéologie ; Hispanie ; péninsule Ibérique ; conquête ; guerres puniques ; guerre de Numance ; guerre de Viriathe ; guerre cantabre ; historiographie ; poésie ; exempla ; res gestae.

This thesis intends to diachronically analyse the ancient cultural memory of the wars which occurred between 218 and 16 BC in the Iberian Peninsula. This memory is studied as a cultural artefact through a triple prism, social, political and literary, in order to shed the light on the modalities and stakes of its elaboration and transmission from the Second Carthaginian war until the beginning of the Christian era. By adopting a comparative method, which confronts literary testimonies with each other and with the material supports of memory (numismatics, epigraphy, iconography), we propose to identify three periods in the history of this memory. Under the Republic, the invention and the diffusion of the memory of military victories imposed itself as one of the stakes of aristocratic competition, while the narration of this memory in historical works reflects a desire to arrange the past to serve the interests of the nobilitas. Under the first Principate, the completion of the conquest by Augustus and the “official” memory he elaborated of his Cantabrian campaign led his contemporaries to consider the Hispanic Wars, from a teleological perspective, as parts of a single process. During the Empire, memory was impoverished and authors tried to reorganize it in new narrative forms in order to appropriate it: while exemplary literature developed a memory of victories, historians denounced Roman imperialism and looked back on the past with a pessimistic outlook, exacerbated in Christian apologetics.

Keywords : Cultural memory; Rome; Scipio; Augustus; ideology; Hispania; Iberian Peninsula; conquest; Carthaginian Wars; Numantine War; Viriathic War; Cantabrian War; historiography; poetry; exempla; res gestae.

Directeur(trice) de thèse : Marie LEDENTU et François CADIOU

Membres du jury :
- Mme Marie LEDENTU, Directrice de thèse, Professeure des universités, Université Jean Moulin Lyon 3,
- M. François CADIOU, Co-directeur de thèse, Professeur des universités, Université de Bordeaux,
-M. Charles GUERIN, Rapporteur, Professeur des universités, Sorbonne Université, Paris,
- Mme Ana RODRIGUEZ MAYORGAS, Porfesseure, Université Complutense, Madrid, Espagne,
- M. Olivier DEVILLERS, Professeur des universités, Université de Bordeaux,
- M. Bruno BUREAU, Professeur des universités, Université Jean Moulin Lyon 3.

Président(e) du jury : Bruno BUREAU