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BOUVARD Julien

Manga politique, politique du Manga. Histoire des relations entre un dédium populaire et le pouvoir dans le Japon contemporain des années 1960 à nos jours

Publié le 5 janvier 2011 Mis à jour le 7 février 2011

Thèse en Lettres, Langues, Lingustique, ARTS - Etude de l'Asie et ses diasporas, soutenue le 7 décembre 2010

La thèse analyse les relations entre la bande dessinée japonaise (le manga) et le pouvoir dans le Japon contemporain (de 1960 à nos jours). Le but est de retracer, d’un point de vue d’Histoire culturelle, l’évolution des discours politiques contenus dans les mangas de cette période et leurs évolutions dans le temps, en les confrontant avec la situation de ce médium populaire qui est l’objet d’un double mouvement de reconnaissance et de censure de la part des institutions japonaises. La première partie s’attache à définir les spécificités du gekiga, un genre de manga plus adulte apparu au début des années 1960 qui adhère en partie aux discours contestataires de l’époque. La partie suivante (les années 1970 principalement) marquent une rupture avec la précédente à travers le rejet des idéologies politiques. Par la suite, dans les années 1980, le statut du manga change progressivement : il commence à devenir un médium « normal », parfois même pédagogique, alors qu’il était jusque là critiqué pour sa mauvaise influence sur la jeunesse.  Cette normalisation va aussi de pair avec une « nationalisation » du manga, du moins dans ses thèmes. Enfin, du milieu des années 1990 à nos jours, la nationalisation devient quasiment une réalité politique avec les mesures prises par les pouvoirs publics pour faire du manga un patrimoine national et un soft power utilisable par la diplomatie japonaise. Néanmoins, ces politiques ont des limites et se heurtent à un médium difficilement domptable par le pouvoir car profondément subversif. De surcroit, les discours de certains mangas dans les années 2000 se radicalisent, et ce dans plusieurs directions politiques : le nationalisme et la critique sociale.

The present dissertation analyses the relationship between Japanese comics (manga) and power in contemporary Japan (from 1960 to present). Its aim is to trace back, from a cultural history point of view, the evolution of political discourses within the manga from this period and their changes over time, and to analyze them against the background of manga as a popular medium both recognized and censored by Japanese institutions. The first chapter seeks to define the specifics of gekiga, a more adult genre of manga which emerged in the early 1960s and mostly endorsed the political protest discourses of the time. The next part (mainly the 1970s) marked a break with the previous period through the rejection of political ideologies. Subsequently, in the 1980s, the status of manga changed gradually: it started to become a “conventional” medium, sometimes even educational, whereas it had previously been criticized for its bad influence on youth. Such a normalizing process is also associated with a “nationalization” of manga, at least in its themes. Finally, from mid 1990 to our days, the nationalization becomes almost a political reality including measures taken by the various governments to turn manga into a national heritage and a soft power to be used by diplomacy. Nevertheless, these policies are reaching their limits insofar as they have to deal with a profoundly subversive and hard-to-tame medium. The discourse of some manga has become more radical in the first decade of the 21th century but it tends to follow two different political orientations: nationalism and social criticism.

Mots-clés : manga, Japon, culture populaire, politique, bande dessinée, histoire culturelle, censure, patrimonialisation.

Keywords
: manga, Japan, popular culture, politics, comics, cultural history, censorship, heritage status.

Directeur de thèse : Jean-Pierre GIRAUD

Membres du jury :
Thomas LAMARRE, Professeur, Université Mc Gill - Montréal
Philippe PELLETIER, Professeur, Université Lumière Lyon 2
Jean Marie BOUISSOU, Professeur, Sciences Po, Paris
Christian GALAN, Professeur, Université Toulouse II le Mirail
Jean-Pierre GIRAUD, Professeur, Université Jean-Moulin Lyon3

Mention : Très honorable

Equipe d'accueil : IETT