• Recherche,

BERMANN Mathieu

Licence et mondanité : les Contes et nouvelles en vers de La Fontaine.

Publié le 18 octobre 2013 Mis à jour le 9 décembre 2013

Thèse en Langue et littérature françaises soutenue le 15 novembre 2013.

À la même époque, les Contes et Nouvelles en vers de La Fontaine suscitent des réactions antagonistes, allant du rejet à l’émulation – ce qui constitue une singularité dans l’œuvre du poète. La Fontaine ne cache pas qu’il prend des libertés par rapport à la morale et aux exigences de l’écriture poétique ; mais ses licences relèvent moins d’une transgression que d’une dérogation consentie par les lecteurs mondains.
Tout d’abord, il s’agit de déterminer la place de la licence dans le jeu normatif de l’esthétique classique. Comprise comme un écart toléré, la licence ne se limite pas à la poésie : elle s’applique potentiellement à toute norme de l’esthétique classique, selon les critères retenus pour juger l’œuvre. Notre étude analyse la part qu’occupe la licence dans la disposition d’esprit des lecteurs mondains des Contes.
En examinant également d’autres conteurs contemporains de La Fontaine qui le considèrent comme un modèle, cette étude montre comment le texte construit sa légitimité en détournant des formes d’écriture ou de pensée qui sont habituelles dans le champ de la mondanité afin de mieux s’y insérer. La Fontaine cherche en effet à instaurer une connivence avec le lecteur. Celle-ci passe par l’appropriation de genres appréciés par la mondanité, par des jeux subtils sur la langue et la versification, et surtout par une scénographie faisant du lecteur un complice de l’entreprise immorale. Le conteur détourne également l’une des composantes essentielles du mode de vie de son lectorat : le loisir. Il livre une version érotique de l’otium dont l’analyse nous permettra de découvrir quel est l’apport des Contes dans l’anthropologie de La Fontaine.

At the same time, La Fontaine’s Contes provoke antagonistic reactions, from rejection to emulation - which is a singularity in the poet’s work. La Fontaine doesn’t hide that he takes liberties with moral standards and versification’s rules, but his licences don’t fall within the transgression : they are derogations granted by aristocratic readers.
Firstly, we determine the place of the licence in the normative set of classical esthetic. As a tolerated deviation, the licence isn’t limited to poetry : it potentially applies to any norm of classical esthetic, according to the criteria used to judge the text. Our study analyzes the part occupied by the licence in the state of mind of aristocratic readers of Contes.
Also examining other tale’s writers contemporaries of La Fontaine who consider him a model, this study shows how the text built its legitimacy by diverting forms of writing or thinking that are usual to the aristocratic public. La Fontaine seeks to establish connivance with the reader. He appropriates genres appreciated by the aristocratic public and invents a scenography making the reader an accomplice of immoral text. La Fontaine diverts also the lifestyle of its readers : leisure. He gives an erotic version of otium. Within this analysis, we will discover what is the contribution of Contes in La Fontaine’s anthropology.

Mots-Clés : La Fontaine, Contes et Nouvelles en vers, licence, mondanité, esthétique classique, XVIIe siècle, scénographie, loisir, Saint-Glas, Vergier, Grécourt

Keywords : La Fontaine, Tales, licence, worldliness, classical esthetic, seventeenth century, scenography, leisure, Saint-Glas, Vergier, Grécourt

Directeur de thèse : Olivier LEPLATRE

Membres du jury :
- Aurélia GAILLARD, Professeur, Université Michel de Montaigne Bordeaux III
- Emmanuel BURY, Professeur, Université de Versailles St-Quentin-en-Yvelines
- Violaine GERAUD, Professeur, Université Jean Moulin Lyon 3
- Alain GENETIOT, Professeur, Université de Nancy II
- Olivier LEPLATRE Professeur, Université Jean Moulin Lyon 3

Président du jury
:  Emmanuel BURY

Mention : Très honorable avec les félicitations du jury

Equipe d'accueil : CEDFL