17200003 - Philosophie moderne

Licence 2 - Semestre 3 - MAJEURE Philosophie - UE Fondamentale - Année universitaire 2023-24

Enseignant : Romain HACQUES

Thème du cours : L'anthropologie empiriste

Présentation du cours :
Bien souvent, notre compréhension de l'empirisme se ramène à l'articulation d'une thèse sur l'origine de nos connaissances et à celle du fondement de ces dernières. À cet égard, le mouvement de l'empirisme classique, que l'on fait émerger au début du XVIIe siècle en Angleterre, est surtout envisagé sous l'angle de la théorie de la connaissance, interrogeant la légitimité de l'expérience sensible, la portée des sciences expérimentale et les limites que nous devons fixer à notre désir de savoir.

Néanmoins, l'enjeu de ce cours sera de faire remarquer que cette recherche d'ordre épistémologique repose toujours sur une conception de l'homme, qu'elle soit explicitement développée ou qu'elle demeure implicite au sein des théories empiristes. La possibilité de fonder une théorie de la connaissance s'inscrit dans une anthropologie au sens large, c'est-à-dire une théorie de l'homme, de sa nature, de son esprit, voire de sa vie sociale.

Dès lors, nous essaierons de montrer que l'empirisme, loin de constituer un mouvement unifié, propose plusieurs théories de l'homme qui se distinguent les unes des autres. Bien plus encore, sous cet angle de la connaissance de l'homme, nous verrons que certains écarts tendent à se résorber vis-à-vis de philosophes traditionnellement qualifiés de « rationalistes ». À cet égard, l'accent mis sur l'anthropologie permettra de questionner les catégories historiographiques par lesquelles nous interprétons les pensées de l'âge classique, en mettant au cœur de notre analyse la circulation des discours sur l'homme entre les philosophes du XVIIe et XVIIIe siècle. Nous nous demanderons dès lors ce que serait une approche « empiriste » sur des question aussi diverses que celle de la perception, des passions, de la sensibilité, de la vie morale, ou même de la politique. En terme ultime, nous devrons nous interroger sur la légitimité même d'une anthropologie proprement « empiriste » et essayer d'en forger une définition nouvelle.

L'enjeu du TD sera d'interroger ces problématiques depuis une lecture suivie d'une œuvre de Condillac, L'essai sur l'origine des connaissances humaines. Nous essaierons de montrer qu'au travers d'une réflexion sur l'origine et le principe d'acquisition de nos connaissances, Condillac propose une manière originale d'appréhender la nature humaine ainsi que le développement de la vie sociale et morale, ce qui nous permettra de réinscrire sa pensée dans l'émergence d'une véritable « science de l'homme » qui prend son essor entre la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle.

Littérature primaire :

• Bacon Francis. Novum Organum. Presses Universitaires de France - PUF, 2004.
• Condillac Étienne Bonnot de. Essai sur l’origine des connaissances humaines / Condillac ; édition critique, introduction et notes par Jean-Claude Pariente et Martine Pécharman. Bibliothèque des textes philosophiques. Paris: Librairie philosophique J. Vrin, 2014.
• Hobbes, Thomas, Le Leviathan, Dalloz - Grand format - Dalloz Librairie PARIS, 1999.
• Locke John, Essai sur l’entendement humain . Livres I et II / John Locke ; traduction, préface, notes et index par Jean-Michel Vienne. Bibliothèque des textes philosophiques. Paris: Librairie philosophique J. Vrin, 2001.
• Spinoza Baruch. Traité de la réforme de l’entendement / Baruch Spinoza. Paris: République des Lettres, 2018.

Littérature secondaire :

• Charrak André. Empirisme et métaphysique: l’"Essai sur l’origine des connaissances humaines" de Condillac. Bibliothèque d’histoire de la philosophie. Paris: J. Vrin, 2003.
• Moreau Denis, Malebranche: une philosophie de l’expérience. Bibliothèque des philosophies. Paris: J. Vrin, 2004.
• Simonetta Laetitia. La connaissance par sentiment au XVIIIe siècle. Paris: Honoré Champion éditeur, 2018.

CM : CT (TE 4h)
TD : CC

Crédits ECTS :
Licence mention Philosophie : 4
Licence mention Droit-Philosophie : 6