• Recherche,

JUURMAA Nora

De Matsui Tarô (1917-2017), écrivain brésilien d’origine japonaise, à Andreï Ivanov (1971- ), écrivain d’origine russe vivant en Estonie : conception de la « mort » dans la littérature de deux communautés issues des migrations, de 1970 à 2010 pour la communauté nippo-brésilienne et de 2008 à 2016 pour la communauté russophone d’Estonie

Publié le 10 juillet 2020 Mis à jour le 30 juin 2023

Thèse en Études de l'Asie et ses Diasporas, soutenue le 30 juin 2020.

La présente étude se veut une analyse de la fonction de l’élément « mort » dans la fiction littéraire de MATSUI Tarô (1917-2017), auteur phare de la littérature japonophone du Brésil.
Une comparaison est effectuée avec l’œuvre d’Andreï IVANOV (1971- ), grand nom de la littérature russophone d’Estonie. Cette thèse s’articule autour de l’argument de Michel Picard,
lequel estime que dans le domaine littéraire, « quand on parle de la mort, on parle toujours d’autre chose » : « En premier lieu parce qu’il s’agit ici de tourner l’insurmontable difficulté de
temporaliser l’intemporel instant mortel, mais surtout à cause des préoccupations véritables […] qui ne concernent bien entendu que la vie. Enfin celles-ci elles-mêmes ont clairement
révélé qu’elles n’étaient que des espèces de symptômes, de métaphores ; que l’essentiel, dans ce topos comme chaque fois qu’il s’agit de la « mort », est inconscient. » 1
Après avoir traité des questions relatives à l’histoire et aux politiques d’identité des communautés concernées – la communauté « japonaise » du Brésil et celle, russophone,
d’Estonie –, cette thèse interroge la manière dont s’est construit le monde littéraire japonophone du Brésil. D'autres interrogations seront ensuite soulevées : pourquoi la mort apparaît-elle si souvent dans la fiction littéraire de Matsui ? Quelles fonctions ces morts occupent-elles dans son œuvre, ainsi que dans celle d’Ivanov ? Si le sujet abordé par les auteurs n’est pas la mort per se, quel est leur véritable propos ? Est-ce le passé qui meurt, comme cela semble être le cas dans La Cerisaie d’Anton Tchekhov ? Quelle est la relation de Matsui Tarô à ce passé ? Et dans le cas d’Andreï Ivanov ? Comment choisissent-ils, fût-ce de manière inconsciente, de voir le passé et de dialoguer avec lui ? Cette étude démontre que la « mort » dans les littératures de Matsui et Ivanov, s’il est un véhicule privilégié de critiques adressées par les deux auteurs à leurs communautés respectives, sert également à communiquer une vision d’avenir pour ces dernières — à savoir la proposition d’une assimilation complète. L’élément « mort » indique les raisons pour lesquelles ces auteurs refusent des concepts construits tels que « nous » (i.e.une communauté isolée).
1 Michel Picard, La Littérature et la mort, Deuxième partie – Lui, II, Paris, Presses Universitaires de France, 1995,
édition numérique.


Mots-clés : Littérature nippo-brésilienne, Nikkei, Immigration japonaise au Brésil, Littérature russo-estonienne, Immigration russe en Estonie, Communauté minoritaire, Littérature minoritaire.

The present study proposes an analysis of the function of “death” in the literary fiction of MATSUI Tarô (1917-2017), a leading author in Brazilian Japanese-language literature. A
comparison is carried out with the oeuvre of Andrei IVANOV (1971- ), a key author in Estonian Russian-language literature. This thesis is built around Michel Picard’s argument, which
proposes that in the literary field, “when we speak about death, we always speak about something else”: “Firstly because the core of the matter is to circumvent the insurmountable
difficulty of temporalizing [materialising] the timeless [immaterial] moment of death, but mostly because of the actual preoccupations […] that certainly only concern life. These
[preoccupations] themselves have clearly revealed that they [are] no more than symptoms, metaphors of some sort; that the crux of the matter, in this topos as well as each time that “death” is concerned, is unconscious.” After examining the historical and political contexts of the communities in question – the “Japanese” community of Brazil and the Russian-language community in Estonia – this thesis questions the ways that the Japanese-language literary world has been constructed in Brazil. Other questions are then raised: why does “death” appear so frequently in Matsui Tarô’s literary fiction? What are the functions operated by these deaths in his and Andrei Ivanov’s oeuvre? If the subject matter addressed by the two authors is not death per se, what are the real preoccupations at stake? Is it the past that dies, in a way that it seems to be the case in Anton Chekhov’s The Cherry Orchard? How does Matsui Tarô relate to this past? What about Andrei Ivanov? How do they choose, be it unconsciously, to see the past and to dialogue with it? This study shows that while “death” functions, in the literatures of Matsui and Ivanov, as a privileged vehicle conveying the criticisms that the two authors address to their respective communities, it is also used as a tool to communicate a vision for the future of these communities — that is, the proposition of a complete assimilation. The element of “death” points out the reasons why these authors refuse constructed concepts such as “us” (i.e. an isolated community). 

Keywords: Japanese-Brazilian literature, Nikkei, Japanese immigration to Brazil, Estonian Russian-language literature, Russian immigration to Estonia, Minority Community, Minority literature.

Directeurs de thèse : Claire DODANE et Jean-Pierre GIRAUD

Membres du jury :
  • Mme Claire DODANE, Directrice de thèse, Professeure des universités, Université Jean Moulin Lyon 3,
  • M. Jean-Pierre GIRAUD, Co-Directeur de thèse, Professeur des universités, Université Jean Moulin Lyon 3,
  • M. Shuhei HOSOKAWA, Professor Emeriti, Centre international de recherche pour les études japonaises, Kyoto, Japon,
  • M. Antoine CHALVIN, Professeur des universités, Institut national des langues et civilisations orientales, Paris,
  • Mme Ayame HOSOI, Maître de conférences, Université Jean Moulin Lyon 3,
  • Mme Pauline CHERRIER, Maître de conférences, Aix Marseille Université, Aix en Provence.

Président du jury : Antoine CHALVIN