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ROCHER Aurélien

L’exercice du droit de vote dans les sociétés

Publié le 11 mars 2019 Mis à jour le 15 mars 2019

Thèse en Droit privé, soutenue le 5 décembre 2018.

Le droit de vote est la prérogative politique suprême de l’associé. Si de nombreux débats se sont intéressés à son caractère essentiel et à ses conditions d’attribution, peu de réflexions se sont concentrées sur ses modalités d’exercice. Celles-ci font pourtant l’originalité de ce droit individuel qui ne peut s’exercer que collectivement et sont déterminantes de son effectivité, lui qui ne peut se manifester qu’épisodiquement au gré des réunions de la collectivité des associés. La recherche des principes gouvernant son exercice, sujet méconnu car relevant surtout de la pratique, devrait permettre de mieux cerner sa portée. Sur le plan individuel, le principe essentiel est celui de la liberté du vote, qui peut même neutraliser partiellement les règles de son attribution, comme en cas d’abstention ou d’activisme actionnarial. Cette liberté suppose toutefois que l’intégrité du vote et son caractère éclairé soient préservés. Or il peut être altéré par des pressions extérieures, motivées par la valeur économique du droit de vote, ce qui requiert des dispositifs renforcés de protection. Sur le plan de l’organisation collective du scrutin, l’accent est mis sur l’intérêt social, justifiant la prédominance de la loi de la majorité et venant tempérer la liberté du vote. Ces règles organisationnelles, tout en garantissant le droit de participer aux décisions collectives, promeuvent une certaine loyauté du vote, notamment en sanctionnant les abus du droit de vote, et une certaine éthique du vote, comme au travers du say on pay. Cette prise en compte croissante des intérêts collectifs lors du vote invite à renouveler certaines réflexions majeures du droit des sociétés. Elle interroge en particulier sur le rôle de l’associé et sur le bien-fondé de certains principes tels que celui qui prohibe les cessions de droits de vote.

 
The right to vote is the supreme political prerogative of shareholders. While many debates have focused on its essential nature and the conditions under which it is granted, little thought has been given to how it should be exercised. The mode of exercise, makes the right to vote unusual in that it arises from an individual right which can only be exercised collectively, and indeed is critical for its effectiveness since voting rights can only be utilized episodically within the framework of general meetings of shareholders. The consideration of the principles governing the exercise of voting rights, a relatively unexplored topic since most effort in this area refers to practical aspects, should clarify the impact of this mechanism. At the individual level, the freedom to vote is a key principle, which can even partially neutralize the rules of its allocation, as in the case of abstention or shareholder activism. However, this freedom presupposes that the integrity of the vote and the right to information related to it are preserved. However, these features can be altered by external pressures motivated by the economic value of voting rights, which leads to a requirement for reinforced protection measures. At the collective level of the organisation of the ballot, the emphasis is placed on corporate interests, justifying the predominance of the majority rule and tempering the freedom to vote. These organisational rules, while guaranteeing the right to participate in collective decisions, promote a certain loyalty, in particular by punishing abuses of the right to vote, and a collective ethical approach (e.g. say on pay). This growing influence of collective interests in the voting process invites us to reconsider certain major company law principles. In particular, questions are around the role of the shareholder and the validity of certain of those principles such as that prohibiting the sale of voting rights.

Mots-clés : Droit de vote – Liberté du vote – Intérêt social – Valeur du droit de vote – Conventions de vote – Loi de la majorité – Assemblée générale d’actionnaires – Agence de conseil en vote – Gouvernement d’entreprise – Responsabilité sociétale et environnementale des entreprises

Keywords : Voting rights – Freedom to vote – Corporate interest – Value of voting rights – Voting agreements – Majority rule – General meeting of shareholders – Proxy advisors –Corporate governance – Corporate social and environmental responsibility of companies

Directeur(trice) de thèse : Nicolas BORGA

Membres du jury :
M. BORGA Nicolas, Directeur de thèse, Professeur des universités, Université Jean Moulin Lyon 3.
Mme COUPET Caroline, Professeure des universités, Université Montpellier,
M. GAUDEMET Antoine, Professeur des universités, Université Panthéon-Assas Paris II,
M. COURET Alain, Professeur des universités émérite, Université Panthéon-Sorbonne Paris I,
M. DROSS William, Professeur des universités, Université Jean Moulin Lyon 3.

Président du jury :  Alain COURET