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SERAGEL DIN Sami

Les clauses ayant effet à l’échelle des groupes de contrats

Publié le 8 octobre 2014 Mis à jour le 8 octobre 2014

Thèse en Droit mention Droit des Affaires soutenue le 29 septembre 2014.

L’objet de cette thèse est de dresser une méthode qui permet d’expliquer, au regard du droit commun, le phénomène de l’extension et la transmission de certaines clauses dans les chaînes de contrats et les ensembles contractuels. Cette méthode devrait aussi justifier certaines dérogations au droit commun.
La thèse commence par aborder certaines questions préalables relatives aux groupes de contrats, qui ont une portée directe sur l’objet de cette étude. Les membres de l’ensemble contractuel et de la chaîne de contrats sont des tiers dans leurs rapports respectifs. L’action directe, qui constitue l’élément dynamique de la chaîne de contrats, peut s’analyser en un mécanisme de compensation multilatérale. L’ensemble contractuel multipartite ne peut produire ses effets à l’égard de ses membres que si ces derniers connaissaient l’existence des liens qui unissent leur contrat aux autres contrats de l’ensemble. Enfin, dans les ensembles contractuels bipartites, une distinction s’impose entre le véritable ensemble contractuel et entre le contrat complexe, qui n’est qu’un contrat unique divisé en plusieurs intrumentum. Une méthode chronologique est proposée, prenant en compte le nombre d’échanges de consentements ayant eu lieu entre les deux parties.
Après avoir répondu à ces questions préalables, la thèse examine certaines hypothèses dans la jurisprudence dans lesquelles l’effet d’une clause a été étendu ou transmis, dans une chaîne de contrats ou un ensemble contractuel. Les clauses de compétence font l’objet du contentieux le plus abondant mais beaucoup d’autres clauses, telles que la clause limitative de responsabilité, la clause de non-concurrence, la clause de non-garantie et la clause de renonciation à recours font également l’objet d’une extension ou d’une transmission dans les groupes de contrats. L’examen de cette jurisprudence a pu écarter certaines décisions qui ont paru mal fondés et de poser des principes généraux qui peuvent gérer la problématique de l’extension et de la transmission dans les groupes de contrats.
Ces règles à caractères générales dégagés après l’examen de la jurisprudence, associées aux réponses qui ont été apportées en premier lieu aux questions préalables, ont abouti à la création de la méthode recherchée.
La première étape dans cette méthode est de reconnaître le type de groupe de contrats auquel on fait face : s’agit-il d’un ensemble contractuel bipartite, d’un ensemble contractuel multipartite ou d’une chaîne de contrats ?
Si c’est un ensemble contractuel bipartite, la première question qu’on devrait se poser serait de savoir s’il s’agit d’un seul contrat divisé en plusieurs instrumentum, ou d’un véritable ensemble contractuel.
Si le groupe prend la forme d’une chaîne de contrats ou d’un ensemble multipartite, la problématique de l’effet relatif des contrats paraît alors sur le devant de la scène. Il a été démontré que l’article 1165 ne fait obstacle qu’à l’extension des clauses à contenu obligationnel. Cinq éléments caractéristiques ont été retenus pour caractériser la clause génératrice d’obligation. Si la clause a un contenu obligationnel, elle ne peut en principe être étendue aux autres membres de la chaîne ou de l’ensemble contractuel. Sinon, la clause est potentiellement opposable.
Les dérogations à l’effet relatif des contrats ne sont qu’au nombre de deux. Dans les chaînes de contrats, cette dérogation se manifeste par la transmission des droits à l’ayant cause à titre particulier. Dans les ensembles contractuels une autre dérogation au principe de l’effet relatif des contrats apparaît lorsque le respect de la force obligatoire de la clause exige inévitablement de l’étendre à un autre membre de l’ensemble.
Dans les chaînes de contrats, les clauses, sans effet obligationnel, qui affectent l’existence ou le montant de la créance sont de plein droit opposables aux autres membres de la chaîne. Cette solution pourrait potentiellement être étendue aux ensembles contractuels; plus précisément lorsqu’une action délictuelle est exercée par un membre de l’ensemble contractuel ayant subit un dommage en raison de l’inexécution d’un autre contrat de l’ensemble.
Mise à part cette hypothèse, la jurisprudence admet l’opposabilité de certaines clauses non génératrices d’obligations aux autres membres de l’ensemble contractuel. On peut citer ici, à titre d’exemple et non à titre exhaustif, l’opposabilité d’une clause de renonciation à recours à l’un des membres de l’ensemble contractuel en application du devoir de bonne foi, et l’interprétation d’une clause d’un contrat par référence à une autre clause d’un autre contrat du même ensemble.

The objet of this thesis is to create a method that could explain a phenomenon that has been observed by scholars and practitioners of law for decades; which is the extension end the transmission of certain clauses in chain agreements and contractual sets. Through this method one should be able, on one hand, to justify this phenomenon in regard to general principals of law and, on the other hand, to find an explanation for some necessary derogations to the Law.
The first step in this thesis was to find answers for some basic questions about groups of contracts that have a direct impact on our subject. We have demonstrated that the fundament of contractual sets relies in the concept of “economy of contract”. Members of chain agreements and contractual sets should be considered as third parties in their mutual relationships. Direct action, which constitutes the dynamic face of chain agreements, could be analyzed as a multilateral set-off. In multiparty contractual sets, the set could not produce its effects in regard to its members unless it could be proven that the concerned member has knowledge of the existence of the other contracts forming the set and of the links between these contracts and his own one. Finally, in two parties’ contractual sets, it’s mandatory to distinguish between a real contractual set, and complex contract which is merely a contract written in several documents. We have proposed a chronological method to establish this distinction, taking into account the number of times the parties have exchanged their consent.
After this preliminary part, we have studied precedents regarding the extension and the transmission of some clauses in chain agreements and contractual sets. Jurisdiction clauses and arbitration clauses are by far the most represented, but other clauses such as clauses of disclaimer of warranty, clauses of limited liability, clauses of waiver of action and clauses of non-competition are also sometimes extended or transmitted to other contracts and/or to other members in the group. Through an analysis of these decisions, we have shown that some of them didn’t have enough legal ground. Using those decisions that seemed to us well-founded, we have deduced a number of rules that could be applied for other cases of extension and transmission of clauses in groups of contracts.
The rules that we have deduces from the study of the case law, together with the answers that we have provided for some preliminary questions in the first part of the thesis, have lead us to find the method we are looking for in this study.
The first step in this method is to recognize the type of group of contracts involved: is it a chain agreement, a multiparty contractual set or a two parties’ set ?
If it’s a contractual set between two parties, the first question should be to decide whether it’s really a contractual set, or if it’s a complex contract.
If the group of contracts involved is a chain agreement or a multiparty contractual set, then one should wonder whether the doctrine of privity of contract could form an obstacle against the extension or the transmission of the clause. We have demonstrated in this thesis that article 1165 of the Civil Code is only applicable to clauses that contain an obligation. In order to qualify recognize clauses having an “obligational” content, we have proposed five fundamental elements. If the clause contains an obligation it could not be extended to the other members of the chain agreement or the contractual set. Otherwise, the clause is potentially opposable.
There are only two exceptions to the doctrine of privity of contract. The first one, in chain agreements is the transmission of rights to singular successors. This exception could be justified by article 1122 of the Civil Code and by the concept of accessoire. The second exception could be seen in contractual sets where the binding authority of the clause could not be respected unless it is extended to certain third parties.
In chain agreements, direct actions appeared to be a key vector for the extension of the clauses to other members of the chain. Clauses that affect the existence or the amount of the debt are ex officio extended to the parties to the direct action. The same solution could possibly be applied when one member of a contractual set initiates an action against another member on the basis of a contractual violation that caused him damage.
In other cases, jurisprudence admits that certain clauses are opposables to other members of the contractual set. As examples, we could mention the extension of the clause of waiver of action to a member of the contractual set under the doctrine of good faith, as well as the interpretation of one clause with reference to another clause in another contract in the same set.

Mots-Clés :  interdépendance – ensembles contractuels – chaînes de contrats – indivisibilité – clauses de compétence – clause limitative de responsabilité – clauses de renonciation à recours – clause de non-concurrence – clause de non-garantie - clause de garantie de passif - compensation multilatérale - effet relatif des contrats – opposabilité – unité et multiplicité contractuelle

Keywords :
group of contracts - chain agreements – third parties – privity of contract – jurisdiction clauses – - arbitration clauses - clauses of disclaimer of warranty– clauses of waiver of action – penal clauses – unity and plurality of contracts

Directeur de thèse
:  Nicolas BOUCHE
                                 
Membres du jury : 
- Eric LOQUIN, Professeur, Université de Bourgogne-Dijon
- Frédéric POLLAUD-DULIAN, Professeur, Université Paris I
- William DROSS, Professeur, Université Jean Moulin Lyon 3
- Nicolas BOUCHE, Professeur, Université Jean Moulin Lyon 3

 Président du jury : Eric LOQUIN

Mention : Très honorable

Equipe d'accueil : IDC