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MARTIN Vincent

La paix du roi. Paix publique, idéologie, législation et pratique judiciaire de la royauté capétienne de Philippe Auguste à Charles le Bel (1180-1328)

Publié le 14 octobre 2014 Mis à jour le 10 décembre 2014

Thèse en Droit mention Histoire du droit des institutions et des faits sociaux soutenue le 2 octobre 2014.

Si le renouveau de la paix royale au XIIème siècle est un phénomène bien connu, son essor aux XIIIème et XIVème siècles l’est beaucoup moins. La période qui sépare les règnes de Philippe Auguste à celui de Charles IV – 1180-1328 – est pourtant décisive. Durant celle-ci, à la faveur d’un contexte très favorable à sa cause, la royauté parvient à s’ériger en éminente pacificatrice de son royaume, achevant de substituer la paix du roi à l’ancienne paix de Dieu. Le défi est pourtant immense. Plus que tout, trois méfaits ne cessent de menacer la paix, contre lesquels la couronne s’efforce de lutter : les violences sur les chemins, les associations illicites, et les guerres qui surviennent entre les sujets. Dans le combat résolu qu’ils engagent, les rois sont portés par la pensée des ecclésiastiques. Ces derniers, s’appuyant sur l’antique tradition carolingienne, ne cessent de rappeler aux rois que leur devoir est d’œuvrer pour la tranquillité du royaume. La renaissance aristotélicienne renforce considérablement cette rhétorique : à la lumière d’Aristote, les théologiens soulignent que la paix est la fin même de l’office princier. Galvanisés par ces discours édifiants, les Capétiens s’efforcent de réfréner les tumultes provoqués par les agresseurs de chemins, les fauteurs de guerre, et les sujets qui se liguent. À cette fin, ils n’hésitent pas à agir en législateurs : ils édictent de nombreuses lois, tantôt locales et tantôt générales, qui condamnent avec fermeté ces dangereux malfaiteurs. L’application de ces préceptes se heurte à de fortes résistances, et la politique royale connaît de réelles vicissitudes. Néanmoins, l’action menée par la royauté renforce sa vocation souveraine et porte des fruits concrets. Les actes de la pratique montrent que les serviteurs de la couronne entreprennent de nombreuses actions visant à sanctionner les fauteurs de troubles violant la légalité royale. Le volontarisme de la couronne est tout particulièrement évident à l’encontre de ceux qui livrent des guerres, régulièrement condamnés pour leurs entreprises devant la justice royale. En définitive, en déployant ainsi tous leurs efforts, les Capétiens parviennent à instaurer un ordre pacifique sur lequel peuvent ensuite s’appuyer leurs successeurs Valois.

If the renewal of king's peace in the XIIth century is a well-known phenomenon, its blossoming in the XIIIth and XIVth centuries is less-known. The period which separates the reigns of Philippe Auguste and Charles le Bel – 1180-1328 – is none-the-less decisive. During this period, thanks to a very favourable context, kingship succeeded in setting itself up as an eminent peacemaker of its kingdom, finally replacing God's ancient peace by king's peace. The challenge is however immense. More than anything, three crimes which the crown strives to fight, keep on threatening the peace : violence on public roads, illicit associations, and wars arising between subjects. In their resolute fight, kings are prompted by the thought of the ecclesiastics who, referring to the antique carolingian tradition, insist on reminding the kings that their duty is to work for their kingdom tranquillity. The Aristotelian rebirth reinforces this rhetoric : in the light of Aristote, theologians emphasize that peace is the ultimate aim of a king's duty. Stimulated by those enlightened discourses, Capetians try to refrain the disorders generated by highwaymen, warmongers and subjects who join together. To achieve their goal they choose to act as legislators : they enact numerous laws, some local some general, which firmly condemn those dangerous criminals. Enforcing these precepts meets with strong resistances and king's policy goes through real vicissitudes. However, king's policy reinforces its sovereignty and achieves concrete results. Sources attest that the crown servants undertake numerous actions aiming at punishing troublemakers who violate the king's law. The crown determination is particularly obvious against those who take part in wars and are regularly sentenced for their wrongdoing by the king's justice. Hence by expending all their efforts and energy, Capetians succeed in establishing some peaceful order on which their successors the Valois will lean.

Mots-Clés : Moyen Âge / Royauté / Paix / Idéologie / Loi / Justice / Guerre / Chemin / Association / Souveraineté

Keywords :
Middle Ages / Kingship / Peace / Ideology / Law / Justice / War / Road / Association / Sovereignty

Directeur de thèse
: Christian LAURANSON-ROSAZ
                              

Membres du jury : 
- Yves SASSIER, Professeur, Université Paris IV
- Louis de CARBONNIERES, Professeur, Université de Lille II
- Eric BOURNAZEL, Professeur émérite, Université Paris II
- Stéphane PILLET, Professeur, Université Jean Moulin Lyon 3
- Christian LAURANSON-ROSAZ, Professeur, Université Jean Moulin Lyon 3

 Président du jury : Eric BOURNAZEL

Mention : Très honorable avec félicitations

Equipe d'accueil : CHDPP