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L’unité sémantique de l'âge d'argent

Publié le 17 novembre 2009 Mis à jour le 24 novembre 2009

Le colloque international "L’unité sémantique de l'âge d'argent" s'est tenu les 25 et 26 juin 2009 dans l'amphithéâtre Huvelin à l'Université Jean Moulin Lyon 3.

Le Colloque international « L'unité sémantique de l'Âge d'argent » organisé par le Centre d'Études Slaves Andrée Lirondelle, avec l'aide financière du Service de la Recherche de l'université Lyon 3, s'est tenu les 25 et 26 juin 2009 à l'amphithéâtre Huvelin. Ce Colloque, qui continue les investigations commencées en juin 2006 lors du congrès international L'Âge d'Argent dans la culture russe, a réuni une trentaine de chercheurs représentant la France, la Russie, l'Ukraine, la Suisse et Israël. Les chercheurs slavistes français ont représenté l'ENS LSH de Lyon, les universités de Provence Aix-Marseille, de Montaigne Bordeaux 3, Stendhal Grenoble 3, Paris IV Sorbonne, Caen Basse-Normandie et l'université de Genève. Les intervenants de spécialités et d'horizons scientifiques variés philosophie, peinture, arts appliqués, architecture, lettres et langues sont venus des universités de Moscou et d'Oural, de l'Académie des Beaux Arts, de l'Académie d'Architecture, de la Galerie Trétiakov à Moscou, de l'Institut national des arts appliqués et de l'industrie Stroganov (vingt-et-un établissements en tout). Après les allocutions inaugurales de Monsieur le Doyen de la Faculté des Langues Jean-Louis Chauzit et de Monsieur le Directeur du CESAL Jean-Claude Lanne, la première séance s'est ouverte sur la communication du professeur Michel Niqueux (Caen) consacrée aux principes « néo-romantiques » que l'on trouve dans tous les courants les plus représentatifs de l'époque en question. En dehors de la définition de cet invariant important de l'unité sémantique de l'Âge d'argent qu'est le néo-romantisme ; ce premier exposé, allant droit au cœur de la problématique, donnait une synthèse brillante de la culture littéraire de l'Âge d'argent russe. Les interventions des philosophes de l'université de l'Amitié des peuples (Moscou) ont soulevé le débat autour de la question épineuse de la responsabilité de l'artiste et du penseur face aux catastrophes sociales qui causèrent la fin de l'Âge d'argent. Serguéï  Nijnikov, dans son analyse polémique de « la nouvelle conscience religieuse » élaborée par Vl.Soloviov, V.Rozanov et D.Merejkovski, a souligné l'exacerbation du conflit spirituel durant la période en question où le gnosticisme et l'éloignement de l'hésychasme oriental auraient participé au naufrage social. Lioubov Kikhney (Institut Griboedov à Moscou) a proposé sa démonstration de l'unité de l'Âge d'argent : la conception du Verbe Logos qui venait se substituer, chez les poètes, au verbe rhétorique du XIXe siècle. La séance consacrée à l'homme et à l'éducation à l'Âge d'argent a commencé par l'exposé de Nikolaï Bogomolov (université d'État de Moscou) qui a dressé un tableau psychologique des milieux artistiques à la charnière du XIXe et du XXe siècles. Déterminer la « face » de l'époque, telle fut l'ambition avouée ou cachée des auteurs de nombreux mémoires et autobiographies expliquées par Nina Segal-Roudnik (université de Jérusalem) et Svetlana Garziano (université de Lyon 3). Lev Mnouhin (musée Tsvétaeva, Moscou) et Gayaneh Armaganian (ENS LSN, Lyon) ont décrypté les spécificités des motifs scientifiques et...  gastronomiques chez les poètes de l'Âge d'argent et leurs disciples émigrés en France. La quatrième séance a donné la parole à la peinture : les découvertes en optique de Helmholtz et les travaux sur la quatrième dimension dans les expériences de Matiouchine (Jean-Philippe Jaccard, université de Genève), le prolongement de l'esthétique de l'Âge d'argent chez le peintre Eugène Lanceray (Pavel Pavlinov-Lanceray, Institut national des Beaux Arts Sourikov), le symbolisme dans la peinture (Anna Florkovskaïa, Institut Sourikov). Le chercheur de la Galerie Trétiakov Irina Pronina a partagé avec le public ses enquêtes sur le séjour du peintre Pavel Filonov à Lyon dans les années 1920. La seconde journée de travail a poursuivi l'atelier des arts figuratifs en consacrant sa séance matinale aux arts industriels pratiqués à l'École Stroganov (Kirill Gavriline), à l'ensemble architectural Fedorovski (1911-1916) conçu pour la garde impériale de Saint-Pétersbourg (Xénia Aleksandrova). Cette dernière communication a soulevé la question du caractère non chronologique, mais stylistique et foncièrement moderniste de l'Âge d'argent d'où seraient exclues les œuvres officielles, créées sur commande de l'empereur dans le style « néo-russe ». Maria Nachtchokina (Académie nationale d'architecture à Moscou) a examiné la réception du style nouveau dans l'architecture russe au début du XXe siècle. L'attrait exercé par l'Âge d'argent étaye et renforce la valeur mythique, et d'autant plus séduisante, de l'Art Nouveau russe. L'hypothèse de M. Nachtchokina a engendré les réflexions sur la conscience de la modernité dans les milieux artistiques russes qui, eux, ont encensé l'Art Nouveau en s'opposant aux goûts petits-bourgeois de la mystérieuse opinion publique. La contribution de Serguéï Golynets (université de l'Oural) a réuni l'analyse stylistique des portraits de Léon Bakst et celle des concepts fondateurs de l'Âge d'argent comme iznetvorestvo et homme moderne, à travers les représentations de Diaghilev. La dernière demi-journée fut dédiée au domaine littéraire : l'étude des manuscrits et de l'écriture poétique chez Tsvetaeva (Véronique Lossky, université de Paris IV), le drame nouveau (Olga Strachkova, université d'État de Stavropol), le paratexte (Natalia Gamalova, université de Lyon 3), les anagrammes et les cryptogrammes (Irina Chatova, Ukraine), le verbe poétique (Marc Weinstein de l'université d'Aix-Marseille), l'avant-garde (Jean-Claude Lanne, université de Lyon 3). En conclusion, le professeur Dimitri Segal (université Hébraïque de Jérusalem) a parlé de l'attrait que l'Âge d'argent russe exerce sur les artistes et les intellectuels, attrait suscité et attisé par le naufrage du pays en 1917. Cette communication, qui comparait la réception de l'Âge d'argent russe à celle des « âges d'argent » en Allemagne (Rilke, Hofmannsthal, George), a jeté une lumière nouvelle sur les interventions philosophiques âprement débattues au début du colloque. Le programme de cette rencontre a rempli son but principal qui consistait à explorer d'une manière multilatérale la période de la culture russe appelée « Âge d'Argent » et à s'interroger sur les outils d'exploration des étapes conventionnelles de la culture, sur ces « époques systèmes » autour desquelles s'articule le parcours de l'humanité. Les actes de ce colloque paraîtront dans l'édition périodique du CESAL Modernités russes.