Si la première loi obligeant les employeurs à mettre en place une politique de prévention et d’évaluation des risques professionnels date de 1991 ce n’est que ces dernières années que la prévention et la sensibilisation aux risques psychosociaux ont pris toute leur importance dans notre société. Dans la fonction publique comme dans le secteur privé, des formations sur cette thématique sont mises en place et proposées aux agents et à l’encadrement.

Nous avons rencontré Grégory Gouyet, psychologue du travail et formateur en prévention des risques psychosociaux qui intervient à Lyon 3 depuis début 2014.


Comment êtes-vous devenu formateur en prévention des risques psychosociaux ?
Je suis psychologue du travail avec une double habilitation (habilitation technique et organisationnelle délivrée par la CARSAT - La caisse d'assurance retraite et de la santé au travail) en IPRP (intervention en prévention des risques psychosociaux), c’est donc au regard de ces compétences que je me suis naturellement tourné vers la formation à la prévention des risques professionnels. Je travaille à la fois auprès de la fonction publique (État, territoriale, hospitalière) et auprès d’entreprises.
De manière générale les personnes voient les RPS à travers un prisme très déformant de la réalité dû sans doute à la peur de cette thématique. Les agents ont souvent une approche manichéenne des risques psychosociaux, le principe des modules thématiques de formation est de discuter de leurs représentations et de montrer qu’in fine les RPS s’appuient sur une démarche de recherche scientifique - qui parle des personnes et de leurs conditions de travail.

À l’issue de la formation le sentiment de méfiance à l’égard des RPS est soulevé. Il s’agit pour le formateur de réaliser un travail en profondeur sur les représentations. La patience et la pédagogie sont donc les maîtres mots pour transmettre les messages aux stagiaires. Il est donc indispensable de poser les bases avec chaque groupe - composé généralement d’une douzaine de personnes - pour expliquer, harmoniser le vocabulaire employé, et d’expliciter la démarche.

Y-a-t-il un public « type » qui participe à vos formations, quels profils de personnels rencontrez-vous ?
Il y a deux profils types de public : les membres de l’encadrement et les agents. L’approche des RPS est bien sûr différente selon chaque cas et les notions abordées sont ciblées en fonction des attentes de ces profils. Il ne faut pas oublier que les formations RPS sont ouvertes à tous et que contrairement aux idées reçues, les RPS ne sont pas qu’un problème de management ou qu’un problème d'agents mais plutôt une question d’organisation du travail.

Pour que la démarche de formation et surtout d’expression soit la plus libre possible, le Pôle RH Métiers et Formation veille, autant que faire se peut, à ce que chaque membre formé ne se retrouve pas en session avec un agent qu’il a sous sa responsabilité ou son responsable hiérarchique.

Qu’en est-il de la répartition homme/femme et de la tranche d’âge ?
Les femmes sont majoritaires dans les sessions de formations à Lyon 3, mais ce qui est normal au regard de leur représentativité. Les agents formés sont de tout âge ; il est d’ailleurs très enrichissant de suivre les échanges entre générations au cours des formations.

Quels sont les thèmes, sujets que vous abordez pendant les formations ? Pouvez-vous nous expliquer le déroulement d’un module ?
Les modules sont organisés sur deux jours. La première journée est axée principalement sur un travail de sensibilisation. Il est important que chaque participant fasse preuve d’ouverture d’esprit et se détache de ses propres représentations des RPS. Nous commençons donc par définir clairement ce que sont aujourd’hui les risques psychosociaux, nous abordons les cinq manifestations des RPS : le stress, l’épuisement professionnel, la violence au travail, le harcèlement moral et le harcèlement sexuel. Une fois les bases posées, on peut aborder la démarche de prévention des risques.

Le deuxième jour est davantage orienté vers la mise en pratique de la théorie grâce à des exemples concrets mais toujours confidentiels tirés de mon expérience de terrain ou des situations auxquelles ont été confrontés les stagiaires. Illustrer la théorie par la pratique est une étape incontournable, il est important de pouvoir travailler sur une étude de cas, de visionner des extraits vidéos de l’INRS*par exemple et de connaitre les outils d’analyse pour pouvoir amener les stagiaires, à l’issue de la formation, à s’approprier une méthodologie de diagnostic.

Pour une formation sur un public encadrant, les notions de management des RPS sont essentielles, d’une part, savoir décrypter les personnalités pour comprendre les comportements et d’autre part savoir gérer les conflits.
* L'INRS est un organisme de référence dans la prévention des risques professionnels (accidents du travail, maladies professionnelles).

Le Pôle RH Métiers et Formation, en collaboration avec Grégory Gouyet, organise plusieurs sessions de formations dans l’année et l’encadrement joue un rôle important pour mobiliser les agents à participer à ces modules.
Les dates des prochaines sessions programmées sont les 10 et 11 mars 2015.

La formation en prévention des RPS en bref

Depuis mars 2013 Lyon 3 s’est lancée dans une démarche de sensibilisation aux RPS.
Les formations à la sensibilisation sont organisées depuis janvier 2014.
144 agents (y compris les cadres) ont déjà suivi une formation RPS.
12 sessions ont été programmées en 2013-14 et 11 sont programmées sur l’année 2015.

Contact
Pôle RH Métiers et Formation | metiersetformation@univ-lyon3.fr