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FUJIKI Kenji

Etude prospective des impacts sociaux d’une inondation majeure en région Ile-de-France. Disparités socio-spatiales dans la prise en charge des populations franciliennes en situation de crise et post-crise : une analyse cartographiée et quantifiée des besoins des ménages, de l’évacuation à la reconstruction.

Publié le 15 février 2018 Mis à jour le 13 décembre 2018

Thèse en Géographie - Aménagement, soutenue le 7 décembre 2017.

Cette thèse de doctorat, en géographie-aménagement du territoire, porte sur l’étude des impacts sociaux d’une inondation majeure en région francilienne. Les impacts sociaux sont compris, dans ces travaux, comme les effets de l’inondation sur la population, ses conditions et moyens d’existence. Elle comprend trois objectifs de recherche complémentaires : (1) l’évaluation par modélisation sous SIG des besoins sociaux en cas d’évacuation massive ; (2) l’étude qualitative de la prise en charge des populations en gestion de crise par les autorités ; (3) la cartographie des impacts sociaux post-catastrophe, et la modélisation des besoins de reconstruction.
La méthodologie élaborée comprend une approche mixte, fondée sur le croisement d’analyses statistiques et géomatiques d’une part, et d’analyses qualitatives d’autre part. Les premières s’appuient sur le traitement de données de recensement, permettant d’identifier sur un plan sociodémographique les populations et de caractériser leurs besoins dans les différentes phases d’une inondation, à court terme dans l’évacuation et l’hébergement d’urgence, à long terme dans le relogement et la reconstruction. A ce titre, les travaux se fondent sur la littérature internationale, qui est interrogée de près sur les retours d’expérience de catastrophes passées afin d’identifier les facteurs prédictifs du comportement des populations dans un contexte de crise puis de reconstruction. Ces analyses donnent notamment au lieu au développement d’indices synthétiques cartographiés, permettant de représenter la capacité des populations à évacuer et à trouver un hébergement d’urgence, d’une part, et d’autre part leur capacité à se reconstruire. Ces indices sont ensuite croisés aux données d’exposition face à l’aléa, pour des scénarios d’inondation d’ampleur catastrophique. Les secondes consistent dans des études descriptives et interprétatives de données qualitatives de sources diverses : documentation écrite, observations, entretiens semi-directifs. Ces sources permettent de caractériser les dispositifs de prise en charge des populations en cas d’inondation massive, par les autorités responsables, de l’échelle communale à l’échelle régionale. L’analyse qualitative permet donc d’identifier des moyens, les analyses statistiques des besoins sociaux : la confrontation des deux permet de caractériser les impacts sociaux de l’inondation.
Les résultats sont présentés dans le cadre d’une approche résolument géographique, à travers un corpus de cartes disponible jusqu’à l’échelle communale. A court terme, face aux enjeux de l’évacuation massive, jusqu’à 700 000 personnes pourraient être évacuées pour un scénario d’inondation similaire à celui de la crue de référence de janvier 1910, 1,1 million pour une crue d’ampleur supérieure. 120 000 personnes devraient être prises en charge dans des centres d’hébergement d’urgence dans la première hypothèse, 200 000 dans la seconde. A plus long terme, nombre de structures et infrastructures nécessaires au maintien et au retour des populations sur un territoire donné pourraient être endommagées, avec des disparités spatiales particulièrement marquées : une douzaine de municipalités de plus de dix mille habitants pourraient dépasser le seuil d’endommagement de 30% de leurs structures et infrastructures, alors même qu’elles présentent pour certaines une faible ou médiocre capacité de reconstruction. Les résultats mettent aussi en avant le caractère temporel de la vulnérabilité, qui n’apparaît plus comme un tout uniforme : les populations vulnérables dans la phase d’évacuation ne sont pas nécessairement les mêmes que celles qui le sont pendant la phase d’hébergement, a fortiori de reconstruction. De la même façon, les disparités géographiques observées, entre départements, entre communes, varient de façon marquée selon les enjeux, des besoins de prise en charge face à l’évacuation massive jusqu’à la reconstruction


This doctoral thesis in geography and space planning addresses the social impacts of a major flood in Ile-de-France region (France). Social impacts relate to the effects of a flood on populations and their living situations. The thesis meets three different but complementary objectives: (1) the assessment on a GIS of social needs in the hypothesis of a massive evacuation; (2) a qualitative study of the ability of authorities to take care of populations in a crisis management situation; (3) the mapping of long-term social impacts and the assessment of recovery and reconstruction needs.
Our methodology relies on a hybrid approach, mixing statistical and GIS analyses on one part, and qualitative analyses on the other part. On the one hand, census data are processed so as to identify populations on a social and demographic level. It is essential in order to caracterize their needs during the different phases of a flood, from evacuation and sheltering to the process of recovery and reconstruction. As such, this study is based upon a state-of-the-art on past disasters, which identifies predictors of the behavior of populations during and after a disaster. Our GIS and statistical analyses lead to the mapping of synthetic indexes, aiming at representing the population ability to evacuate and to find a shelter by their own means, on the short term, and to recover on the long term. Theses indexes are then crossed to hazard data, applied to major flood scenarios. On the other hand, qualitative data from diverse sources (interviews, observations, written material) are decribed and interpreted in order to identify the means et strategies planned by the local and regional authorities to take care of their populations during a major flood. By comparing means, through qualitative analyses, and numerical and mapped social needs, through GIS and statistical analyses, one is able to caracterize the social impacts of a flood in Ile-de-France region.
Results are presented in the context of a geographic approach, through a series of maps available from regional scale to local scale. On the short term during the flood, up to 700,000 people could be evacuated and 120,000 sheltered, for a flood similar to the 100-year flood of 1910. 1,100,000 people would be evacuated, 200,000 sheltered, for a flood superior to the 1910 flood. On the long term, many structures and infrastructures crucial for the livability of the city could be damaged, with striking geographic inequalities. A dozen of municipalities with over 10,000 inhabitants would exceed the damage threshold of 30% of their structures and infrastructures, while some of them feature a weak recovery and reconstruction capability. Results also highlights the temporal aspect of vulnerability. Vulnerable populations during the evacuation step may not be the same during the sheltering step, or the recovery and reconstruction phases. In the same way, geographic inequalities, between departments, between municipalities, greatly vary according to the stakes, from massive evacuation to reconstruction.


Mots clés : inondation, vulnérabilité, impacts sociaux, évacuation, reconstruction, Ile-de-France

Mots clés : flood, vulnerability, social impacts, evacuation, recovery, Ile-de-France

Directeur(s).trice(s) de thèse : M. Michel MIETTON
 
Membres du jury :
M. Frédéric GACHE, Chef du service Directive Inondation, EPTB Saine-Grands Lacs, Paris,
M. Richard LAGANIER, Rapporteur, Professeur des universités, Université Paris Diderot Paris VII,
Mme Nancy MESCHINET DE RICHEMOND, Rapporteur, Professeur des universités, Université Paul-Valéry Montpellier III,
M. Michel MIETTON, Professeur des universités émérite, Université Jean Moulin Lyon 3,
Mme Valérie NOVEMBER, Directeur de recherche, Ecole des Ponts, Université Paris Est, Marne-la-Vallée,
M. Damien SERRE, Professeur des universités, Université d’Avignon,
Mme Yvette VEYRET, Professeure honoraire, Université Paris Nanterre, Paris.

Président.e du jury : Mme Nancy MESCHINET DE RICHEMOND

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Décision : Admis