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Art, mémoire et transmission : présentation de la démarche artistique de Marie Auger, plasticienne, en résidence d'artiste à Lyon 3

Evènement | 27 mars 2017
14h30
Art, mémoire et transmission :
Les enfants d'Izieu, ici & maintenant dans le champ mobilisé de nos imaginaires

"Lorsque Paul Niedermann se réveille chaque matin, il se dit non sans étonnement : "Tiens, t'es encore là !" Paul a aujourd'hui 90 ans. Après le procès Barbie, il n'a eu de cesse de témoigner de son histoire d'enfant juif allemand du Pays de Bade. Dans le cadre de ma résidence à Lyon 3, je suis allée le voir il y a peu de temps, à Paris. Il m'a raconté les deux années terribles passées aux camps de concentration français de Gurs puis de Rivesaltes, les planques multiples, les frayeurs, la perte des parents, l'exfiltration du petit frère Arnold pour les Etats-Unis, le passage à la colonie d'Izieu où il prêta mains fortes à Miron Zlatin pour produire les fruits et les légumes nécessaires à alimenter les enfants réfugiés...

Comme Samuel Pintel, autre ancien petit garçon d'Izieu au parcours non moins sinueux et éprouvant, comme Alexandre Halaunbrenner qui perdit, le 6 avril 44, à 11 ans, ses deux petites soeurs Mina et Claudine, quand elles furent arrêtées sur ordre de Barbie avec les quarante-deux autres enfants de la colonie et qu'elles furent déportées et gazées à Auschwitz la semaine qui suivit. Paul sent qu'il ne sera bientôt plus là pour raconter aux jeunes générations de France, d'Allemagne et d'ailleurs cette histoire-racine."



Le lundi 27 mars à 14h30 (Salle 7 - Manufacture des Tabacs), Marie AUGER, plasticienne, en résidence d'artiste à Lyon 3, présentera son travail artistique et nous proposera une réflexion collective sur Comment assurer le relais de cette parole tellement vivante, sans doute inégalable et indispensable ? L'art a-t-il un rôle à jouer dans cet acte de relais de la mémoire à cet endroit de l'histoire ? Quelles sont ses ressources pour y parvenir ?

La présente résidence va être l'occasion de faire vivre l'expérience de l'art comme force agissante dans l'acte de la transmission.
Le Camp, nous l'avons hélas reçu en héritage. Georges Bataille dit qu'à présent, "l'image de l'homme est inséparable d'une chambre à gaz.", qu'à partir d'Auschwitz, il nous faut repenser toute l'anthropologie.

"Les camps sont des espaces de l'extrême, en cela des lieux de révélation : tout ce qui y a été vécu l'a été à l'aune d'une mort toujours imminente : ils nous disent donc de ce que nous sommes fondamentalement. En cela, ils peuvent être source de savoir. C'est sans doute pour ce savoir essentiel, qui n'est pas une connaissance, que je vais travailler "à l'endroit du camp". Pour saisir quelque chose de nous-mêmes et peut-être en extraire une lumière malgré tout, en tirer ce qu'il y aurait de meilleur et le relayer.

Les enfants d'Izieu seront le coeur battant de cette résidence. Mon travail plastique va tenter au cours de ces deux années de réanimer leurs quarante-quatre petits visages, de vivifier le souvenir de ce qu'ils furent et du crime contre l'humanité perpétré, faisant en cela écho aux crimes contre l'humanité récents vécus par les enfants soldats, les enfants migrants qui se noient aujourd'hui parce qu'emportés dans des embarcations de fortune.

Parler des enfants d'Izieu c'est parler de maintenant. L'Histoire pourrait donc être décourageante, et pourtant, la Beauté demeure et pour qui sait la voir, elle peut, peut-être, nous sauver...

L'ARTISTE PLASTICIENNE MARIE AUGER


Depuis plusieurs années Marie Auger collecte la parole auprès de personnes qui souhaitent témoigner des pans de vie intime. Au fil du temps les dépôts se sont resserrés autour de la seconde guerre mondiale : femmes tondues à la Libération, enfants cachés, déportés des camps d'extermination...





Marie Auger
aborde les choses du point de vue de la transmission, s'intéressant tout particulièrement aux jeunes générations : enfants victimes de la Shoah, enfants, petits-enfants de victimes... Ces paroles individuelles Marie Auger les coud et les brode dans des cahiers au fil rouge. Le fil est ténu mais il est actif : il relie entre elles ces histoires contemporaines d'une même époque, les rattachant à la grande Histoire. Il nous relie aussi à elles par-delà le temps et œuvre la passation.



Car ses installations plastiques aux médiums variés (peintures, sculptures, encres, films, dessins, broderies, boutons...) n'ont d'autres vocations que celles de faire relais et passer. Passer coûte que coûte avec tendresse et gravité, la mémoire de cet espace-temps racine pour nous les humains qui venons dans la suite.

L'art propose de faire vivre une expérience émotionnelle intime à celui qui accepte de le recevoir. En cela il peut être un passeur efficace prolongeant une appropriation par le corps et l'esprit des événements passés.

INFOS PRATIQUES

Lieu(x)
Manufacture des Tabacs | Salle 7
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