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ANDRE Etienne

Les actifs incorporels de l’entreprise en difficulté

Publié le 21 mars 2019 Mis à jour le 22 mars 2019

Thèse en Droit privé, soutenue le 6 décembre 2018.

La mutation des économies a transformé les richesses en profondeur en les désincarnant. Ce phénomène s’est traduit par l’accroissement de valeurs sans matière au sein des entreprises et, incidemment, lorsqu’elles éprouvent des difficultés. La notion d’actifs incorporels place la valeur au centre des préoccupations et renvoie à une réalité tant juridique qu’économique. Cette approche révèle leur singularité dans un contexte de défaillance à travers l’observation des opérations d’évaluation et de réalisation. D’une part, l’évaluation des actifs incorporels se montre défectueuse, révélant les carences de la comptabilité française, qui peine à retranscrire la valeur de ces actifs, et plus largement, mettant en exergue les limites des méthodes d’évaluation de ces actifs dans un contexte de difficulté. D’autre part, la réalisation des actifs incorporels est complexifiée par les modes de cession ou des garanties constituées. Ainsi, la singularité des actifs incorporels rend difficile leur maîtrise. Partant, des solutions peuvent être trouvées dans le cadre du droit des entreprises en difficulté. Une grille de lecture des actifs incorporels peut d’ores et déjà s’articuler autour de la valeur et de son interaction avec l’exploitation. Certains actifs incorporels, tels qu’un logiciel ou un fichier-client, sont directement corrélés à l’activité de l’entreprise et ont tendance à se dévaloriser au fur et à mesure des difficultés de celle-ci. D’autres actifs incorporels, tels les créances et les droits sociaux, reposant sur des éléments extérieurs à l’entreprise, ne perdent pas automatiquement leur valeur en présence de difficultés. La division des actifs incorporels peut donc s’opérer entre les actifs incorporels dont la valeur s’établit à l’aune de l’exploitation, et ceux dont la valeur ne lui est pas directement liée. Ces actifs incorporels suscitent par ailleurs une évolution du droit des entreprises en difficulté au niveau des opérations d’évaluation et de réalisation afin d’être mieux appréhendés. La prise en compte de ces évolutions est indispensable. L’importance grandissante des actifs incorporels au sein des entreprises en difficulté, ne doit pas être ignorée au risque sinon de les affaiblir davantage, de décrédibiliser le cadre judiciaire du traitement des entreprises en difficulté.

 
The mutation of the economy has fundamentally transformed wealth by disembodying it. This has led to the increase in intangible wealth within companies and, incidentally, when they experience difficulties. The concept of intangible assets places centers on value and refers to both a legal and economic reality. This approach reveals their exceptional character in a context of default by observing operations related to valuation and transfer. On the one hand, the valuation of intangible assets is defective, revealing the shortcomings of French accounting, which struggles to translate the value of these assets, and more broadly, highlights the limits of the methods used to value these assets in a difficult context. On the other hand, the transfer of intangible assets is made more complex by the methods of sale or guarantees provided. Thus, the exceptional nature of intangible assets makes them difficult to master. However, solutions can be found in law governing companies in financial difficulty. An index for measuring intangible assets can already be based on value and its interaction with business operations. Some intangible assets, such as software or client files, are directly correlated to the company's activity and tend to devalue as the company's difficulties arise. Other intangible assets, such as receivables and social rights, based on elements external to the company, do not automatically lose their value in the event of difficulties. The division of intangible assets can therefore be made between those intangible assets whose value is established based on exploitation, and those whose value is not directly related to it. Consideration of valuation and transfer operations in relation to intangible assets has led to changes in the law governing companies in difficulty. It is essential to take these developments into account. The growing importance of intangible assets within companies in difficulty must not be ignored at the risk of weakening them further and undermining the judicial framework for such companies.
 
Mots-clés : Actif incorporel - Asymétries d’informations - Bien incorporel - Cession - Contrat valeur - Comptabilité - Droit des entreprises en difficulté - Droit des sûretés - Entreprise en difficulté - Évaluation - Inventaire - Marché - Méthodes d’évaluation - Nantissement - Prisée - Procédures collectives - Réalisation - Valeur

Keywords : Intangible assets - Asymmetries of information - Intangible property - Assignment - Value contract - Accounting - Bankruptcy Law - Security law - Company in difficulty - Valuation - Inventory - Market - Valuation methods - Pledge - Appraisal  - Transfer - Value

Directeur(trice) de thèse : Nicolas BORGA

Membres du jury :
- M. BORGA Nicolas, Directeur de thèse, Professeur des universités, Université Jean Moulin Lyon 3,
- M. BINCTIN Nicolas, Professeur des universités, Université de Poitiers,
- M. THERON Julien, Professeur agrégé de droit privé, Université du Capitole Toulouse,
- M. LUCAS François-Xavier, Professeur des universités, Université Paris I Panthèon Sorbonne,
- Mme PEROCHON Françoise, Professeure des universités, Université de Montpellier,
- M. TREPPOZ Edouard, Professeur des universités, Université Jean Moulin Lyon 3.

Président du jury :  Françoise PEROCHON