Éthique - Philosophie - Esthétique

17200002 - Philosophie ancienne

Niveau de diplôme
Volume horaire total 33
Volume horaire CM 18
Volume horaire TD 15

Responsables

Objectifs

Licence 1 - Semestre 2 - MAJEURE Philosophie - UE Fondamentale - Année universitaire 2023-24

Enseignants : Pierre PONCHON (CM et TD), Christian GIRARD (TD), Adèle MARIN-LE BRAS (TD)
 

Cours Magistral (P. Ponchon)

Thème : Introduction aux théories antiques de la vertu : à la recherche de l’excellence morale et politique

Résumé :
La vertu est une notion essentielle dans la philosophie antique, mais dont le sens s’est largement obscurci aujourd’hui. Désignant de manière générale l’excellence du comportement humain, elle se décline en vertus particulières : prudence, courage, tempérance et justice, selon la liste traditionnelle des vertus cardinales. Le cours entreprend ainsi d’interroger cette notion complexe selon trois grands axes qui recoupent les questions topiques de la philosophie ancienne.
 
  1. d’abord un ensemble de questions sur la place de la vertu dans l’action et dans la vie humaine : Qu’est-ce qu’une action vertueuse ? Une action réussie, efficace ou morale ? La vertu tient-elle au résultat ou à la manière d’agir ? Mais aussi qu’est-ce qui fait qu’un individu est vertueux ? La vertu est-elle une propriété de l’agent, de ses actes, de son âme ? Enfin si la vertu est ce qui rend nos actions conformes au bien, quelle est la nature du bien visé, et en particulier, à quelles conditions la vertu peut-elle conduire au bonheur comme bien suprême proprement humain ?
  2. ensuite, un groupe de questions sur la nature de la vertu et son rapport à la connaissance. On y abordera ainsi la question de l’unité des vertus cardinales : Peut-on être courageux sans être sage, juste sans être tempérant ? La vertu n’est-elle que la somme des différentes vertus particulières ? Par ailleurs, quel est le rôle de la connaissance : peut-on souscrire à la thèse socratique de la vertu science selon laquelle l’ignorance est le seul obstacle à la vertu, la connaissance du bien impliquant nécessairement l’action bonne ? Faut-il penser une résistance au-delà de l’ignorance (akrasie) et qu’est-ce que cela nous dit sur la vertu et de la possibilité de la transmettre ou de l’enseigner ?
  3. enfin, des questions concernant le champ d’action de la vertu : relève-t-elle plutôt de la sphère morale ou de la sphère politique ? S’il faut différencier vertu morale et vertu propre à l’action politique, comment articuler les deux ? La vertu politique elle-même est-elle une et identique ou doit-on distinguer la vertu des dirigeants de celle des citoyens ?

Contenu

Travaux dirigés

TD P. Ponchon

Thème : Aristote, la phronèsis comme vertu, Éthique à Nicomaque, livre VI

Résumé :
En lien avec le cours magistral, le TD consistera en une analyse cursive du livre VI de l’Éthique à Nicomaque d’Aristote. Il s’agira d’étudier la spécificité des vertus intellectives et d’examiner plus particulièrement le rôle central de la phronèsis (ou prudence) dans la définition de la vertu en dégageant sa définition, sa différence avec les autres vertus intellectuelles qui lui sont associées et l’enjeu de cette activité intellectuelle pour l’action.
Pourquoi donc faut-il que l’être humain fasse preuve de cette attitude intellectuelle pour pouvoir être vertueux ? Quel type de savoir et de connaissance est à l’œuvre au sein d’une telle vertu ? En quoi la phronèsis est-elle nécessaire pour agir correctement, c'est-à-dire à la fois efficacement et moralement ? Comment conduit-elle le phronimos (l’individu prudent) à bien agir tant dans la sphère morale que dans la sphère politique ?

À travers la lecture suivie de ce chapitre très célèbre d’Aristote, il s’agira ainsi de déterminer la fonction centrale et le rôle de la connaissance dans l’action vertueuse, ainsi que d’examiner la sphère pratique et les limites de l’action humaine.
 

TD C. Girard

Thème : Les trois genres de vie dans la philosophie ancienne

Résumé :
Les trois principaux courants philosophiques intellectualistes de l’Antiquité – Platon, Aristote et les stoïciens – distinguent trois genres de vie : la vie théorétique (vie de contemplation), la vie pratique (vie d’action) et la vie apolaustique (vie de plaisir). Tous trois écartent du souverain bien une vie exclusivement consacrée à la recherche du plaisir. Ils s’accordent pour considérer que la vie la meilleure consiste dans l’ordonnancement le plus cohérent possible de la vie contemplative et de la vie pratique. Cependant, divergeant sur la définition du monde, de l’homme et de la fonction propre de l’homme dans le monde, ils diffèrent aussi sur la définition, la finalité et l’articulation de la théoria à la praxis.

Alors que Platon, opposé aux sophistes qui mettent le savoir au service du pouvoir et peut-être influencé par le pythagorisme qui envisage la vie intellectuelle comme une forme de purification, privilégie, dans le Phédon, la vie théorétique comme étant la vie la plus authentiquement philosophique et définit, dans la République, la vie politique comme une effluence de la vie contemplative, Aristote, sans contester la supériorité de la vie théorétique qui élève l’homme au rang des dieux, réhabilite, dans Les Politiques et L’Éthique à Nicomaque, la vie pratique en la fondant sur les procédures rationnelles autonomes de la phronèsis et en l’instituant comme genre de vie privilégié pour authentifier une existence pleinement humaine. Les stoïciens, quant à eux, naturalisent la rationalité, refusent toute transcendance de l’intelligible sur le sensible et insistent sur la nécessité pour le philosophe de contribuer aux desseins de la providence divine en s’impliquant dans les affaires humaines. En conséquence, sans renier l’éminence de la vie contemplative, ils promeuvent la vie mixte qui consiste moins à distinguer qu’à rendre complémentaires théoria et praxis.

Le corpus de textes proposé à l’étude sera l’occasion d’explorer les quatre problématiques suivantes :
  • Comment est légitimée la hiérarchisation des modes de vie ?
  • Quelles définitions de l’homme et du monde présupposent ces définitions ?
  • Comment sont articulées vie contemplative et vie pratique ?
  • Quels sont les points de convergence et de confrontation entre les trois doctrines ?
L’objectif de ce TD sera de consolider la méthodologie de l’explication de texte en philosophie. L’ensemble des textes étudiés pendant le TD sera distribué lors de la première séance. Il faudra préparer pour chaque cours une explication.
 

TD A. Marin-Le-Bras

Thème : Penser la colère dans l’Antiquité

Résumé :
Ce TD aura deux fonctions principales :
  1. celle de s’intéresser à la thématisation philosophique de la colère à travers l’Antiquité, depuis Platon jusqu’à Sénèque en passant par Aristote.
  2. celle de consolider l’apprentissage de la méthodologie de l’explication de texte en philosophie.
La première fonction du cours est donc l’occasion de nous intéresser de manière précise au traitement des objets émotionnels proposé par les auteurs anciens, et des enjeux qui s’y rattachent. Nous essayerons de comprendre comment et pourquoi la colère a pu servir à chacun de ces auteurs de paradigme pour penser l’ensemble des affections humaines, et comment ce rôle de paradigme permet de remonter, depuis le traitement de cette affection singulière, aux théories morales qui la sous-tendent.
C’est par le parcours des traitements successifs de la colère comme affection paradigmatique que nous pourrons reconstituer ce en quoi consiste le problème majeur des auteurs anciens à l’égard de la colère, et à travers elle, leur problème majeur à l’égard des affections.

La deuxième fonction du cours nous conduira à nous pencher sur un corpus de textes antiques distribués lors de la première séance. Ce corpus formera à la fois le support du cours et le support d’exercices d’explication hebdomadaires comptabilisés dans la moyenne du semestre.

Bibliographie

Bibliographie CM (uniquement les ouvrages essentiels) :
  • Platon, La République, traduction G. Leroux, Paris, G-F (2004). [Livre IV]
  • Aristote, Éthique à Nicomaque, traduction R. Bodéüs, Paris, G-F (2004). [Livre II]
  • Cicéron, Fins des biens et des maux, traduction J. Kany-Turpin, G-F Flammarion, 2016 [Livre III]

Corpus (TD C. Girard) :
  • Texte 1 : Platon, Alcibiade, 128d-130c, traduction de Chantal Marboeuf et J.-F. Pradeau, GF, 2000
  • Texte 2 : Platon, Phédon, 63e-68c, traduction Monique Dixsaut, GF, 1991
  • Texte 3 : Platon, République, IX, 580d-583a, traduction Georges Leroux, GF, 2016
  • Texte 4 : Platon, Les Lois, I, 631b-631d, traduction de L. Brisson et J.-F Pradeau, GF, 2006
  • Texte 5 : Aristote, Les Politiques, 3, 1323a15-1324a, traduction Pierre Pellegrin, GF, 2015
  • Texte 6 : Aristote, Les Politiques, 3, 1325a15-1325b30, traduction Pierre Pellegrin, GF, 2015
  • Texte 7, Aristote, Éthique à Nicomaque, I, 1095a-1096a, traduction R. Bodéüs, GF, 2004
  • Texte 8 : Aristote, Éthique à Nicomaque, X, 1177a-1178b25, traduction R. Bodéüs, GF, 2004
  • Texte 9 : Cicéron, Des Devoirs, I, 153-160, traduction par Stéphane Mercier, Les Belles Lettres, 2014
  • Texte 10 : Sénèque, De la tranquillité de l’âme, III-IV, traduction de René Waltz, les Belles Lettres, 2006
  • Texte 11: Sénèque, De l’oisiveté, IV-VII, traduction de René Waltz, les Belles Lettres, 2006
  • Texte 12: Jamblique, Vie de Pythagore, 12, 58-59, traduction L. Brisson et A.-P. Segonds, Belles Lettres, 2011

Bibliographie (TD C. Girard) :
  • Festugière, A. J. (1971), « Les trois vies », Études de philosophie grecque (Paris), Vrin, 117-156.
  • Festugière, A. J. (1971), « Le problème de la vie contemplative dans le monde gréco-romain ». Compte-rendu d’A. Grilli, Il problema della vita contemplativa nel mondo grecoromano’, in Études de philosophie grecque (Paris), Vrin, 245–252.
  • Joly, R. (1956), Le Thème Philosophique des Genres de Vie dans l’Antiquité Classique, Mémoires de l’Académie Royale de Belgique, Classe des Lettres et des Sciences Morales et Politiques 51.3 (Bruxelles).
  • Bénatouïl, Th., et Bonazzi, M., Theoria, Praxis, and the Contemplative Life after Plato and Aristotle, Leyde, Brill, Philosophia antiqua 131, 2012, particulièrement les p. 1-14.

Bibliographie (TD A. Marin-Le-Bras)

Bibliographie primaire :
  • Aristote, Éthique à Nicomaque.
  • Aristote, Rhétorique.
  • Platon, La République.
  • Sénèque, De Ira.

Bibliographie secondaire :
  • Brisson, L., Platon, Paris, Éditions du Cerf, 2020.
  • Guyomarc’h, G., La philosophie d’Aristote, Paris, Vrin, 2020.
  • Long, A. A., Sedley, D. N., Les philosophes hellénistiques – Tome 2 les stoïciens, éd. et trad. J. Brunschwig et P. Pellegrin, Paris, GF, 2001.

Contrôles des connaissances

CM : examen terminal de 4h.
TD P. Ponchon : contrôle continu : note de lecture + devoir surveillé (1h30) : explication de texte.
TD C. Girard : validation par deux évaluations.
TD A. Marin-Le-Bras : évaluation à partir des notes obtenues à deux devoirs maison en explication de texte auxquelles s’ajoutera une note de progression obtenue à partir des exercices hebdomadaires.

Crédits ECTS :
Licence mention Philosophie : 4 (CM : 2 ; TD : 2)
Licence mention Droit-Philosophie : 5 (CM : 3 ; TD : 2)

Formations dont fait partie ce cours